Les rondes 2 et 3 de la nationale2 ont eu lieu ce weekend. Résumé d’un drame en 2 actes.
Samedi 13 novembre : Rueil contre Issy
Fort d’une équipe soudée et d’une préparation solide avec notre GMI O.Renet vendredi soir, nous espérions tirer notre épingle du jeu face à Issy2, une équipe « presque » à notre portée d’après leur line-up de la 1ère ronde. De notre côté, l’équipe changeait un peu puisque Jean Lucas (2127) et moi-même(2105) restions sur le banc de touche tandis que Julio Rojas-Guerra (2092) et Marc Kirszenberg (2184) entraient en jeu.
Tandis que je donnais les cours des enfants dans la salle située juste en dessous, le match connut sa première surprise lors de la présentation des équipes. Issy2 arrivait avec une équipe considérablement renforcée (pas moins de 4 nouveaux joueurs appraissaient) et celui que nous attendions au 1er échiquier, Aveline (2156) était finalement rétrogradé au 5ème échiquier. Une nouvelle doublement mauvaise : d’une part nous avions donc affaire à plus forts que nous, mais en plus nos préparations se révélaient stériles.
Je n’ai pas assisté de bout en bout à la débâcle, mais de mes montées régulières à la salle de jeu, il en ressortait que :
Frank Gouanelle (2154) avec les blancs jouait tranquillement une position égale, mais lâcha une qualité sur une bourde et ne put tenir la finale.
Jorge Santamaria (2178) au second était sorti de sa préparation dès le deuxième coup, et même de son répertoire d’ouverture dès le troisième coup 3.c3 dans une sicilienne Dragon Accélérée. Cela ne l’empêcha pas de trouver les bons coups et de se ballader pendant tous le match. Il fut donc mes yeux et mes oreilles pendant que je donnais mes cours, et annula sereinement ensuite.
Marc Kirszenberg gagna rapidement avec les blancs. Je n’ai pas eu le temps de comprendre où était le problème de son adversaire qu’il avait déjà abandonner.
Bertrand Delafargue (2097)étrennait une nouvelle ouverture et se retrouvait malheureusement dans une sous-variante pas encore étudiée. Une petite nuance lui échappa, et son destin avec…
Julio Rojas-Guerra (2083), avec les noirs, avait centralisé un superbe cavalier en e4, avançant ses pions au centre (e5 et f5) tandis qu’une faiblesse chronique taraudait son adversaire (un pion arriéré en c3). Mais après d’habiles échanges et une transition en finale (2tours + dame contre même matériel), la position s’est grandement compliquée et un coup raté dans le zeitnot fit basculer le résultat. D’une position prometteuse, Julio sombrait dans les méandres d’un réseau de mat et ne pouvait plus sauver la partie.
Olivier Guigon (2092) de son côté, refusa de rentrer dans des complications très dangereuses et se résigna sagement au match nul.
Rodolphe Martinez (1881) joua avec beaucoup d’énergie : quand je passai le voir, ses pions formaient un mur impressionnant en d4, e4, f4, g4 et h4 ! Il obtint une position écrasante, menant ses cavaliers en f6… mais…mais…le zeitnot, toujours le zeitnot… Son adversaire profita de quelques imprécisions de notre latin lover pour envahir son camp et mater le premier !
Mathilde Boyeldieu d’Auvigny (non classée) rencontrait quant à elle Myriam Bounya, une jeune joueuse classé à 1800. Elle a obtenu une position solide au sortir de l’ouverture, mais la transition en finale permit à Myriam d’affaiblir l’aile-dame de Mathilde, qui se retrouvait maintenant avec des pions faibles en a6 et surtout c7 (sur une colonne semi-ouverte). La case c5 permit finalement aux blancs de vaincre la résistance acharnée de notre féminine, invitant tour à tour le cavalier et les pièces lourdes à presser les pions faibles comme des citrons.
Le score final est un peu injuste, je pense que Julio, Frank et Rodolphe au moins pouvaient obtenir de meilleurs résultats, mais le match serait resté sous contrôle pour Issy2, qui s’impose finalement sur un large 5 à 1.
Dimanche : Clichy – Rueil
L’équipe de Clichy que nous rencontrions le jour suivant, nous la connaissons bien. Elle vient, comme nous d’être promue en Nationale2, et est issue du même groupe de Nationale3 que nous. Nous avions d’ailleurs obtenu le match nul face à eux, à l’arrachée.
C’est une équipe constituée pour la moitié de jeunes joueurs assoiffés de victoire. La famille Eid en forme le coeur, avec Maha, une féminine de 15 ans, élève d’Olivier Renet et multi-championne de france dans les catégories jeunes, son père et son frère (Ali et Amine) tous classés autour de 2000 élo. A côté d’eux, il y a aussi le jeune Ezra Kirk (classé il y a 1 an à 1900 élo et maintenant à 2127 !) et de vieux briscards comme Christophe Keller (2209). Autant dire que la partie ne s’annonce pas facile, entre les jeunes sous-côtés et les vieux expérimentés, l’équipe de Clichy a du répondant.
Au premier échiquier, Frank réalisait une partie exemplaire, avec les noirs, face à Keller, et obtint une position gagnante après une enfilade de fou sur dame et tour.
Au second, Jorge entrait dans sa préparation, mit en mouvement le rouleau compresseur, et gagnait un pion dans une position sous très haute tension.
Au troisème, je rencontrai avec les noirs Maha Eid pour la seconde fois, et pour la seconde fois, nous partageons le point. Une défense catalane dans laquelle je me délivrai en poussant e5, provoquant des échanges (dont la dame) et la finale obtenue au 14ème coup ne laissait aucune place à l’imagination.
Au quatrième échiquier, Bertrand fit face à un curieux coup de dame en b6 qui s’avéra assez malin, et il fallut tout son talent pour tirer son épingle du jeu. De grandes complications tactiques émanèrent de l’ouverture et Bertrand semblait toujours à deux doigts du gain.
Au cinquième, Jean Lucas (2110) rentrait dans une Grünfeld qu’il connait peu et donna un pion trop vite dans l’ouverture. Sa position fut rapidement désespérée et une combinaison tactique imparable mit fin à ses souffrances.
Au sixième, je n’aimais pas trop la position de Julio, malgré sa paire de fous, mais l’ouverture du jeu lui compensa son pion de moins, et lorsque je quittai la salle de jeu, vers 18h30, il jouait pour le gain.
Au septième échiquier, Rodolphe égalisa rapidement, fort de son nouveau répertoire d’ouverture. Il prit même l’avantage et pouvait gagner un pion, mais un grand zeitnot l’influença (en mal?) et il choisit de rentrer dans une finale de tour+pions qu’il ne pouvait pas perdre…autrement qu’en tombant à la pendule !
Mathilde, au huitième échiquier, n’avait pas le temps de jouer sereinement, ses études nécessitant qu’elle passe l’après-midi à travailler. Elle était venue pour jouer un coup et abandonner, mais Bertrand l’a décida finalement à jouer, en blitz, et de voir ce qui se passerait. Elle tint bon une vingtaine de coups avant de laisser son adversaire placer une double attaque mortelle avec De4, menaçant à la fois un mat en g2 et la capture d’une tour isolée en b1.
Bertrand jouait une finale supérieure mais tomba dans un réseau de mat et dû abandonner une partie qu’il avait lui aussi bien en mains quelques coups auparavant.
Finalement, le redoutable Ezra ne se laissa pas aller au désespoir, regroupa ses pièces. Malgré une grande pression à la pendule (3 minutes pour jouer 10 coups environ), il profita de la seule imprécision de Jorge (qui ne joua pas assez vite f4 pour priver les cavaliers noirs de la case e5). Un sacrifice tonitruant sur le roque de Jorge renversa complètement la partie et quelques coups plus tard, c’est notre champion qui arrêta la pendule pour capituler.
Nous nous inclinons sur un second score fleuve 5 à 1 (Julio n’ayant pu obtenir la victoire sur son adversaire Thomas Chockbengoun).