La 4ème ronde de Nationale a eu lieu ce dimanche 12 décembre. Rueil jusqu’alors placé parmi les relégables avec un match nul (2 partout face à la Tour Blanche) et deux défaites cinglantes (5 à 1 face à nos voisins Issy et Clichy) se devait de réagir pour ne pas s’enfoncer dans les abîmes du classement.
Mission difficile puisque l’équipe de Saint-quentin est de son côté dans le peloton de tête de notre groupe. Cette équipe a de quoi nous faire peur puisqu’elle joue avec deux titrés aux premiers échiquiers (Preissmann et Verat, maîtres FIDE alternant avec Lupu grand-maître) et leur féminine (madame Mourgues) est bien mieux classée que notre Mathilde nationale. Seuls les échiquiers 5 à 7 nous laisseront l’avantage (sur le papier).
La solution ? Un guet-apens dans les règles biensûr !
Il aura fallu sortir deux atouts cachés dans nos manches, les terribles Bastien Dubessay (2336 élo) et Julien Song (2339 élo) pour rivaliser avec nos adversaires et tenter de gagner.
L’avantage est multiple :
– nos jeunes tigres ont la force pour tenir tête, voire s’imposer, sur le duo adverse de titrés. D’autant qu’ils arrivent préparés !
– nos autres joueurs sont décallés de deux échiquiers vers le bas, ce qui non seulement renforce grandement l’équipe, mais permet surtout de déjouer toute préparation adverse. C’est là le vrai bénéfice de notre stratégie, l’effet de surprise !
Le match ressemble maintenant à un piège pour nos adversaires : des échiquiers 1 à 4, nous voilà de force égale, voire légèrement favoris, tandis que sur les échiquiers 5 à 7 nous aurons un gros avantage avec près de 100 élo de plus. Seul notre échiquier féminin est un vrai souci. Voilà pour la « théorie »…
Dans la réalité, le match tourna a notre avantage, mais nous ne nous imposons que d’un petit point, 4 à 3 !
Julien Song (2339 élo) contre Emmanuel Preissmann (2315 élo)
Petite surprise, Vérat et Lupu sont « out » et seul Preissmann est là pour faire face à nos jeunes talents, nous devenons les favoris du match.
Julien avec les noirs accepte le gambit du pion c3 proposé par Emmanuel dans la variante d’échange de la Française qu’ils ont choisi de jouer. Il donne la paire de fous et doit ensuite rendre le pion de plus. Alors que Bastien et moi cherchions à évaluer la position, Julien transite en finale et active son roi au maximum (g8-g7-f6 et en route pour le centre). Il finira par gagner une jolie partie.
Bastien Dubessay (2336 élo) contre Romain Bilquez (2092 élo)
Bastien est déçu, il avait à coeur de regagner quelques points élo perdus au Cap d’Agde et comptait sur ce match contre un joueur titré pour commencer. Sa victoire rapide contre un 2100 ne lui rapportera que 2 ou 3 points élos, mais fait beaucoup de bien à notre équipe !
Avec les blancs, Bastien joue choisit de contrer la slave de son adversaire par la variante de Méran, et profite d’un véritable « bug » de celui-ci pour gagner un pion dans l’ouverture, qu’il convertira rapidement.
Contrat rempli pour nos renforts qui marquent 2 points sur les premières tables.
Mathilde Boyeldieu d’Auvigny (NC1499) contre Joëlle Mourgues (1796 élo)
Les deux joueuses développent rapidement leurs pièces vers le centre et Mathilde se sent assez confiante pour tenter le grand roque et préparer une attaque sur l’autre aile.
Joëlle répond immédiatement à l’invitation en lançant une marée de pions menaçante à l’aile-dame, et rapidement le jeu s’envenime.
L’attaque de Mathilde semble devoir arriver la première, avec ses deux tours en g1 et h1, sa dame en d2 braquée sur le pion faible en h6 et les pion g4 et h4 sur le point d’avancer. Tout ceci est très harmonieux, travaillant de paire avec le fou b3 braqué sur le pion f7 du roque noir, visiblement sous pression. Mais un drame survient à ce moment-là, Mathilde avait sous-estimé le danger d’une enfilade, avec son roi en c1 et sa dame en d2, et un terrible coup de fou en f2 la forcera à donner la qualité pour sauver sa dame. L’attaque change alors de camp et plus rien ne viendra changer le cours des choses, Mathilde s’incline, ramenant le score à 2 à 1 pour Rueil.
D’un autre côté, Jorge Santamaria (2178 élo) opposé à Pierre Cavelius (2044 élo) et Bertrand Delafargue (2097 élo) contre Nicolas Bulcourt (1959 élo), tous deux avec les blancs obtiennent l’avantage et ne le lâcheront pas. Ils rapportent deux points à Rueil, nous assurant au moins le match-nul.
Il reste alors 3 parties :
– Frank Gouanelle (2154 élo) face à Olivier Bouverot (2139 élo)
– Guillaume Lestrelin (2105 élo) face à Eric Pouillot (2073 élo)
– Jean Lucas (2110 élo) face à Alain Szwedkowski (1936 élo)
Frank opposait à la pression lancinante de son adversaire (dans une anglaise archi-théorique) une défense des plus opiniâtre et j’ai cru à un match nul bien mérité jusqu’à ce que notre boucher préféré donne un pion sans réelle compensation. La pression aura donc eu raison de lui, et malgré l’attaque qu’il lance sur le roi blanc pour jouer son va-tout, Saint-Quentin encaissera ici un point entier.
De mon côté, je rentre dans ma Sicilienne Dragon fétiche et Eric choisit de jouer la variante avec un rapide g2-g4. Inspiré, je choisis de sacrifier mon pion b pour monter une attaque directe sur le grand roque des blancs. Les menaces pleuvent, tout le monde a cru, et moi le premier, que le roi blanc allait y succomber mais tout n’est qu’illusion. Je me retrouve au 20ème coup en grande difficulté, avec 4 minutes pour atteindre le contrôle de temps… Un manque clair de lucidité m’a entraîné dans la défaite, et Saint-Quentin marque son troisième point.
Jean Lucas peut avoir des regrets, ici encore, car il pouvait tirer bien plus de sa belle partie (une défense Grunfeld rondement menée). Néanmoins, le partage du point dans sa finale de tour+pions aura entériné notre première victoire cette saison.
Bravo à tous, rendez-vous les 15 et 16 janvier prochain pour les matchs contre Malakoff et Le Chesnay.