Notre groupe en nationale 2 se révèle bien plus serré que prévu. Notre petite équipe tout juste montée de Nationale 3 à la force de nos bras n’ambitionnait pas plus que la survie cette année, d’autant que nombre de nos adversaires sont sur le papier bien plus forts que nous.
Rouen, Le Chesnay, Le Vézinet, Saint-Quentin, et tant d’autres semblaient hors de portée de nos vaillants compétiteurs. Seules quelques équipes, telles la Tour Blanche, ClichyIII et IssyII, seraient cette saison à notre portée. Et les premiers matchs annonçaient la nécessité de réaliser de véritables exploits pour se maintenir : un match nul 2 partout contre l’équipe la plus faible a priori (la Tour Blanche) et des défaites cinglantes (5 à 1) contre IssyII et ClichyIII nous ont ramené à la dure réalité : se maintenir serait un exploit.
La double ronde de ce week-end commença par une rencontre contre Malakoff, alors premiers ex-aequo du groupe. Pourtant notre équipe renforcée par Julien Song (2363 élo!) au premier et Marc Kirszenberg (2205 élo) au 4ème échiquier venait avec l’ambition de remporter une deuxième victoire (la première, nous l’avions décroché face à une autre locomotive du groupe : Saint-Quentin grâce notamment à Bastien Dubessay et Julien Song qui marquèrent 2 points aux premiers échiquiers). Résultat dramatiquement plus triste : nous sommes encore une fois écrasés 4 à 1…
Mais le capitaine optimiste que je suis ne se démonte pas et envoie ses troupes au casse-pipe une deuxième fois le lendemain ! On remplace Julien Song par Bastien Dubessay (2337 élo), Marc par moi-même (2103 élo), Rodolphe Martinez par Olivier Guigon (2086 élo) et on se retrouve au Cercle pour une nouvelle boucherie. Cette fois, on part avec un vrai désavantage sur le papier (encourageant, on se débrouille déjà si bien contre des adversaires à notre portée !) puisqu’aux trois premiers échiquiers, nous affrontons 2 Maîtres FIDE (messieurs Magnier et Van Dongen) et un MI (François Vareille).
« Même pas peur » me dit Bastien avant le début de la rencontre et « carrément » lui répondis-je, « d’autant qu’on est ‘achement plus forts aujourd’hui qu’hier » (je faisais alors référence à la sortie de notre Latin Lover fatigué, Rodolphe M).
(à noter d’ailleurs son remarquable emploi du temps de vendredi et samedi :
– vendredi toute la journée : métro boulot et pas dodo
– vendredi de 20h à minuit : préparation des ouvertures acharnée en compagnie de notre GMI Olivier Renet
– nuit de vendredi à samedi : fiesta non-stop, probablement arrosée
– samedi matin : dormir ? que nenni ! un déménagement, ça donne bien plus la forme
– samedi après-midi : arrivée dans l’arène du match
– samedi après-midi, un quart d’heure après : début du match, notre Roro se trompe de premier coup et joue 1.d4 au lieu du 1.e4 qu’il a préparé
– samedi après-midi, 1 heure et quart plus tard : fin des hostilités, Rodolphe serre la main de son adversaire, prêt à une petite sieste bien méritée).
Et quel match !
Tandis que notre féminine remplaçante (merci Marie-France !) se trompe dans les complications et perd une tour, notre 1er échiquier Bastien perd un pion dans l’ouverture mais transite dans une finale intéressante.
Sur les autres échiquiers nous sommes plutôt bien, j’aime particulièrement les positions de Julio (avec les noirs dans une sicilienne Najdorf) et Frank (dans une Hérisson, il joue une jolie manoeuvre pour activer le roi au maximum Rxg2-f3-e3) qui a un avantage indéniable dans sa finale.
Bertrand joue très bien l’ouverture, dans une Caro-khan des plus complexes, il donne son pion h et je ne sais comment évaluer sa position.
Les parties s’achèvent les unes après les autres : j’annule contre le MF Van Dongen au 3ème échiquier, Bertrand perd au 4ème, Julio gagne au 7ème, Jorge annule au 2nd échiquier (après avoir pris l’avantage avec les noirs contre un 2300!) et finalement, nous nous retrouvons dans une position incroyable, une victoire est possible !
Bastien joue précisément, ficèle son adversaire, prend le contrôle de la huitième rangée avec ses deux tours. Son roi a même un passage pour infiltrer le camp adverse, bref, son adversaire souffre.
Frank finit par réaliser son avantage dans une finale de cavalier avec un pion de plus et quand Bastien gagne, il ne reste plus qu’à Olivier Guigon de forcer la nulle pour nous offrir la victoire 3 à 2 !
Un week-end épique qui rapproche encore les équipes du groupe. Quatre petits points séparent maintenant le dernier du premier, il est possible de renverser complètement ce classement en seulement deux rondes… incroyable !
Et autant vous dire que nous allons aborder les prochains matchs (difficiles il est vrai, puisque nous jouerons Rouen en février) avec une grande motivation !
Par Guillaume Lestrelin.