Pour la cinquième ronde de Nationale 3, nous avons accueilli ce dimanche le club d’Arcueil Chessland. Avec un nom qui évoque celui des parcs d‘attraction, nous nous attendions à rencontrer Mickey et ses amis pour passer un dimanche « Pluto » agréable. Au lieu de cela, nous avons affronté une équipe surdopée en élo dont la priorité ne semblait pas être celle de nous divertir.
Cette longue journée débuta par un appel de notre arbitre Evguény qui m’informa qu’il n’était pas en mesure de se déplacer à cause d’une sciatique. Sachant que l’équipe de Nationale 2 devait également profiter de ses talents d’arbitre, nous devions faire face à un sérieux problème. Après que l’idée de faire venir les 32 joueurs chez lui m’ait traversée l’esprit, j’ai pris cette décision, certes moins raisonnable, de réveiller notre président afin qu’il puisse gérer cette situation de crise. Habitué à faire face à ce type d’incident, il me félicita tout d’abord pour mon idée mais préféra ensuite contacter notre second arbitre Dany qui accepta gentiment de céder sa place en Nationale 5 pour venir nous surveiller.
Arrivés tôt au club de Rueil pour installer les jeux et préparer le café avant que les invités débarquent, nous avons dû faire face à un deuxième problème : le réglage des pendules. Aucune cadence préprogrammée ne correspond à celle exigée par le règlement officiel et vraisemblablement, les fabricants de ces pendules n’ont pas imaginé un instant que nous ne disposions pas tous des compétences d’un programmateur informatique. Aussi, pour enregistrer une incrémentation supplémentaire de 10s par coup, il nous aura fallu 30 minutes de réflexion. La solution fût trouvée par Cyril Ringuet et le match pouvait enfin commencer.
Encore une fois, l’équipe que nous affrontions pourrait très bien évoluer en Nationale 2. Si nous ne tenons pas compte du dernier échiquier, la moyenne élo des joueurs adverses atteint quasiment les 2100 ! Ces derniers nous surpassent donc d’environ 300 points sur chacun des sept premiers échiquiers. Autant dire que nous ne partions pas favoris dans cette rencontre !
Pierre Alexandre Wells créa cependant la surprise. Après quelques minutes de jeu seulement, alors que la plupart des joueurs n’avaient pas encore pris le temps de marquer leur nom sur la feuille de match, Pierre Alexandre avait déjà mis à feu et à sang l’échiquier n°7. Le roi de son adversaire était déjà déroqué, ses pièces déjà clouées et son visage déjà catastrophé. En ouvrant avec un gambit écossais, Pierre Alexandre plaça une attaque éclair sur le roi noir et obtenu très rapidement un avantage matériel. Son adversaire résista quelques coups puis s’inclina. Cette partie « champagne » nous donna d’entrée de jeu l’avantage et un peu d’espoir pour la suite. Manifestement, cette déculottée ne fit pas sourire l’équipe adverse et cette dernière sembla bien décidée à nous faire payer cette insolence.
Notre féminine Manu sera la première victime à subir cet élan de vengeance. Dans une partie peu académique, elle laissa à son adversaire la possibilité de gagner un pion dès l’ouverture. Puis, face à la passivité de cette dernière, elle réussit à prendre un avantage positionnel en milieu de jeu. Malheureusement, elle abandonna une tour et deux pions dans la bataille et fut contraint d’abandonner quelques coups plus tard.
Ce fut au tour de Alain Guillot de devoir concéder le point à l’équipe adverse. Après avoir regroupé ses pièces en défense, Alain laissa aux pièces blanches la possibilité de s’organiser et placer une forte attaque sur son roi. La pression des Blancs fut elle qu’il dût abandonner avant le quarantième coup.
De son côté, Yves me signala en milieu de partie être tombé dans un piège. Connaissant l’esprit offensif de notre président, je me doutais qu’il s’agissait là d’un pion qu’il n’aurait pas du prendre. Ce fut effectivement le cas et son adversaire profita de ce péché de gourmandise pour se créer un pion passé sur l’aile dame. La partie qui semblait alors terminée fut relancée par la contre attaque menée par Yves sur l’aile roi. Se retrouvant avec une tour contre deux pions placés sur la 7e rangée, Yves ne pourra cependant pas empêcher son adversaire de promouvoir l’un de ses pions en dame. Dommage que cette combativité ne fut pas récompensée.
Jérôme Letang qui jouait au deuxième échiquier stoppa l’hémorragie en obtenant la nulle contre un 2123. Avec les noirs, il attira son adversaire dans un gambit Marshall et finit par obtenir la nulle en finale. Encore une fois, il prouva ici toute l’efficacité de son style de jeu.
Cyril Ringuet réussira lui aussi à inquiéter sérieusement son adversaire classé 2247. Ayant compris qu’il pouvait obtenir facilement la nulle en échangeant les pièces, il décida au contraire de maintenir la pression sur le roi adverse et de jouer pour la victoire. Seulement, le coup d’attaque qu’il a choisit de jouer se retourna contre lui et il se prit un échec intermédiaire qui lui fit perdre une tour. Avec ce déficit matériel, il ne pouvait qu’abandonner.
Quant à moi, je me suis retrouvé en finale avec un pion de moins et des fous de même couleur. Après avoir cru un instant que l’avancée de mes pions sur l’aile roi pouvait me permettre d’obtenir la nulle, j’ai du me rendre à l’évidence que cela ne suffisait pas. J’ai donc serré la main de mon adversaire pour le féliciter au 52e coup.
Au troisième échiquier, Jean-Claude subit le même sort et abandonna au terme d’une partie « marathon ». Là encore, il s’est retrouvé dans une finale qui aurait pu se conclure par une nulle mais son adversaire l’en empêcha en jouant avec précision les derniers coups fatals.
L’équipe de Arcueil Chessland remporte donc la partie sur le score final de 6 à 1 et nous inflige ainsi notre cinquième défaite de la saison. Ne perdons pas espoir, il reste encore quatre matchs à jouer et des sérieuses chances de nous maintenir en nationale 3.
Antoine Galtier.