Le championnat continue, toujours aussi serré. Notre équipe avait un défi compliqué à réaliser, il est toujours délicat de mobiliser nos forces lors d’une double ronde, d’autant plus lorsque la ronde du samedi se joue en normandie…
Et ce fut la chance de Grand Quevilly, une équipe à notre portée en temps normal, mais cette fois-ci, Rueil est victime d’une défection en masse de ses joueurs : Frank (2141) et moi-même (2115) travaillons le samedi et ne pouvons jouer tandis que Jean (2100), Olivier (2093) et Rodolphe (1864) ont des obligations familiales. Nous trouvons quelques renforts parmi les joueurs de la N3 (déjà condamnée à la relégation en N4) avec Cyril Ringuet (2027), Jean-Claude Duget (1862) et notre président Yves (1740).
C’est bien dommage, car nous ne nous inclinons finalement que sur un score extrêmement petit : 4 à 3 en faveur des normands.
De son côté et avec les noirs, Mathilde, notre féminine qui a faim de victoire a préparé une surprise à son adversaire (une jeune joueuse talentueuse classée à 1734 élo) avec l’aide de notre grand-maître Olivier Renet. Comme prévu, Sandrine Wandelle joue les premiers coups de la partie à toute vitesse : 1.e4 e5 2.Cf3 Cc6 3.Fb5 (une Ruy Lopez…) mais sa réaction est mêlée de stupeur et de frayeur quand Mathilde répond avec entrain 3…f5!? (finalement un gambit Jaenish !). La préparation est une réussite totale, Mathilde joue avec confiance une variante que l’on a travaillé à la maison le matin même, et après 4.Cc3 fxe4 5.Cxe4 Cf6 les blancs jouent le timide 6.d3 permettant à notre féminine de prendre l’initiative avec 6…d5! et de remporter bien plus tard une belle victoire.
Cyril avec les blancs (et c’est une surprise pour lui car le facétieux capitaine que je suis lui avais annoncé quelques jours auparavant qu’il aurait les noirs, j’aime taquiner mes joueurs, hum…) joue 1.d4 Cf6 2.c4 c5 3.d5 e6 4.Cc3 exd5 5.cxd5 d6 6.Cf3 g6 (c’est une Benoni) et après 7.Ff4 a6 8.e4 b5? notre recrue sort une jolie pointe de son chapeau avec 9.De2! et prend un avantage décisif avant le 10ème coup, qu’il converta sans accroc. Bravo, Cyril continue d’impressionner.
Marc marquera le dernier point entier pour Rueil (qui réalise une bonne saison mis-à-part le Championnat des Hauts-de-Seine individuel). Merci à lui d’avoir fait le détour à l’aller comme au retour du match pour amener au bercail ses coéquipiers !
Après cette défaite pour laquelle le capitaine (ça c’est moi) nourrit bien des regrets, nous nous concentrons pour rencontrer à domicile le terrible club du Vésinet (le plus fort du groupe avec une moyenne habituellement à plus de 2200 élo par échiquier, en comptant la féminine!).
Nous arrivons avec l’envie de vendre chère notre peau face à nos voisins du Vésinet. Jorge double les noirs et affronte Stephen Jessel, un petit « monstre » classé à près de 2300 élo. Frank tient le second échiquier et j’ai choisi de monter Jean au troisième échiquier car il a l’habitude de réaliser de bonnes perfs contre les joueurs plus forts (tandis qu’il se débrouille moins bien contre les joueurs à son niveau). Il aura la difficile mission d’affronter Laurent Large (2243 élo) avec les noirs. Au quatrième échiquier, j’ai les blancs contre Eric Cheymol (2170 élo) et derrière nous avons encore Bertrand, Julio, Rodolphe et notre nouvelle recrue, Michèle Havelka (1670 élo) devra pour son entrée affronter ses anciens partenaires du Vésinet et la terrible Adeline Chaumont (2018 élo) lui fait face.
Curieusement, nous encaissons encore une fois les forts joueurs à l’avant, réalisant 3 points sur 4 sur les quatre premiers échiquiers (nulles de Jorge et Frank dans de bonnes positions, gains de Jean et moi-même) tandis que l’arrière de l’équipe craque.
Si Bertrand (contre Castaignet 2151 élo) et Rodolphe (contre Christophe Imbert 2087 élo) n’ont eu aucune chance (Bertrand se prend un sacrifice et une attaque terrible dont il ne se sortira jamais), Julio de son côté joue un sacrifice étrange et finit par obtenir une excellente position contre Philippe Glod (2156 élo). Il rate même un gain de pièce en 1 coup (quel dommage !) et s’en tire avec la nulle.
Michèle s’est très bien battue et pendant longtemps la partie ne reflétait pas les 400 élo qui la séparait d’Adeline. Mais son roi n’a finalement pas survécu à la marée de pions de son adversaire, qui a d’abord pris le temps d’étouffer le contre-jeu de la rueilloise à l’aile-dame.
Nous étions menés 3 à 1 et deux parties se jouaient encore : d’un côté Frank dans une Est-Indienne compliquée semblait avoir l’avantage, et de l’autre Jean jouait une finale égale après avoir refusé la nulle sur demande de son capitaine (toujours moi). Il nous faut à ce moment deux victoires pour égaliser, et cela semble réalisable jusqu’à ce que Frank subisse une combinaison qui force la nulle par échec perpétuel. Le match est perdu (nous nous inclinerons finalement 2 à 3).
Pour l’honneur, Jean se bat et un attroupement se forme autour de son échiquier. Sa finale 4 pions + roi + fou est intéressante et doit être égale, mais fidèle à lui-même, cet amoureux des problèmes tend des pièges et Laurent Large finit par tomber dans une ambuscade. Après 1.Ff3 Jean propose l’échange des fous avec 1…Fg4!? et Laurent l’accepte, il croit que la finale de pions est gagnante après 2.Fxg4? hxg4 3.a4.
Jean laisse son talent s’exprimer et joue 3…f3! obtenant immédiatement un avantage décisif ! Son plan est simple, son roi va se diriger via f5, g5 et h4 jusqu’en h2 et les blancs n’auront pas le temps de damer leur pion. Il suit 4.Re3 Rf5 5.Rd4 Rg5 6.Rd5 Rh4 7.Rc6 Rh3 8.Rxb6 (le pion c est libéré) 8…Rxh2 9.c5 g3! 10.fxg3 f2 et le pion de Jean est promu avant celui des blancs.
Ses ennuis ne sont pas terminés car la position qui en résulte est un cas d’exception !
En retirant les pions a4, a5 et g3, nous arrivons ici dans un cas théorique connu. Les noirs ne peuvent progresser car 1…Db5+ 2.Ra7 Dc6 3.Rb8 Db6+ permet aux blancs de jouer 4.Ra8 Dxc7 pat. On n’arrive jamais à gagner de temps pour approcher le roi et mater, la finale est nulle.
Si l’on ajoute le pion g des blancs, cela change tout : les blancs ne peuvent jouer de combinaison de pat et la finale doit être gagnée facilement pour les noirs.
Mais les pions a4 et a5 changent la donne car le pion a4 prive la dame noire de la case b5, case absolument nécessaire pour la manoeuvre de dame vue plus haut… Le gain se complique grandement et Jean se résoud à capturer les pions a4 et g3, laissant les blancs promouvoir leur dernier pion. Il avance son pion a jusqu’à a2 mais le gain devient hautement technique car il faut échapper à l’échec perpétuel !
Jean prend sa dame et joue 1…Dd5!
La dame protège le pion a2 et prépare un échec décisif en a8. Les noirs abandonnent car il n’y a plus rien à faire :
2.Dc3+ Rd1! et l’on se rend compte que tous les échecs sont couverts, sauf celui en a1 3.Da1+ Rc2!
A/ 4.Rb4 permet 4…Db3+ 5.Rc5 Dc3+ et après l’échange des dames le pion est promu (mais pas après 5…Db1? 6.Dh8 a1=Dame? et les deux dames ne peuvent empêcher l’échec perpétuel !)
B/ 4.Ra3 est impossible à cause de 4…Da5 mat !
C/ 4.Dh8 laisse les noirs conclure soit par 4…a1=D 5.Dxa1 5.Da8+ gagnant la dame, soit par 4…Da8+ 5.Dxa8 a1=D+ avec une autre enfilade.
Une magnifique prestation de Jean Lucas, électrisante et appréciée par les nombreux spectateurs.
Rueil 3 – 4 Grand Quevilly
Le Vésinet 3 – 2 Rueil
Guillaume Lestrelin
Désolé,
J’ai gâché bêtement ma partie contre un 2128.
Au 42° coup (après 3H50 de jeu) j’étais très bien, à +1,56 d’après Rybka 4.
Mon adversaire était prêt à accepter le nul, mais son capitaine lui a dit de continuer.
Là, j’ai fais l’erreur de tout échanger pour provoquer le nul (justifié par Rybka 4), mais un deuxième coup précipité a tout fait basculé dans l’autre sens !
Je ne suis pas mécontent de mes 41 premiers coups, mais dépité par la suite et pour le point d’équipe non obtenu.
LJC Duget
Quelques précisions :
– les Blancs étaient conduits par Laurent Large (et non Vincent)
– après 43. Fxg4, hxg4, 44. a4, … les Blancs pensaient avoir l’avantage en gagnant la case d4 mais pas forcément gagner.
– 44. …, f3 est la suite de la partie. A noter que 44. …, Rf5 amenait aussi à la même finale Dame/ Pion ( 45. Rd4, Rg5 46. Rd5, Rh4 47. Rc6, Rh3 48. Rxb6 Rxh2 49. c5, g3 50. fxg3, fxg3 51. c6, g2 52. c7, g1=D+ 53. Rb7, …)
– la fin de partie réelle est 77. …, Dd5! (point d’exclamation plus pour avoir joué ce coup après 6 heures de jeu que pour le coup lui-même très logique (je défends mon pion, je contrôle plusieurs cases clés et je menace Da8+)) 78. Dc3+, Rd1 0-1
– l’intérêt de Dd5 par rapport à Dd3 (qui gagnait aussi mais en plus de coups) est qu’après 78. Dh6+, Rd1 les cases h1 et h5 sont contrôlées et il n’y a plus d’échecs
– si les Blancs avaient joué 78. Rb4 au lieu de jouer la Dame, alors 78 …, De4+ était facilement gagnant le Roi Blanc devant aller sur la 3ème colonne à cause des menaces en a8 et en b1.
Addendum :
– dans le commentaire, la variante » A/ 4.Rb4 permet 4…Db3+ 5.Rc5 Db1 et le pion est promu » doit être revue car si 6. Dg7 a1=D ??, les 2 Dames blotties dans l’angle en a1/b1 ne peuvent éviter le perpétuel … . J’aurais donc joué très prosaïquement 5. Dc3+ pour échanger les Dames.
Merci pour ces précisions importantes, et n’hésites pas à me mailer ta partie Jean, j’aimerais bien la regarder de plus près encore !