En route pour le Top12 !
Pour la première fois de son histoire, notre petit club accède à l’élite…
Du 26 mai au 5 juin se déroule la compétition par équipe la plus forte de france, le Top12. Elle réunit les plus grandes équipes françaises, parmi lesquelles Evry, deux fois champions de France et vice-champion 2010 (avides de revanche), Châlons-en-Champagne, champion de France en titre, Clichy, club historique 15 fois champions (!) et…Rueil-Malmaison !
Nous voilà donc partis dans une nouvelle aventure. Sans avoir les ambitions des grosses écuries, nous espérons faire parler de nous et gardons dans un coin de la tête le fol espoir de se maintenir.
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Le site de la fédération vous permet d’obtenir nombre d’informations intéressantes. Vous y trouverez donc les appariements (lien ici) qui sont disponibles dès 10h le matin de la ronde. Les résultats complets (échiquier par échiquier, ainsi que le classement des équipes) sont disponibles sur la même page.
Chaque jour, rendez-vous sur le site fédéral pour suivre les parties en léger différé (15 minutes). Un système qui met le Top12 à la portée de tous !
Le club de nos hôtes propose une galerie photo très réussie des premiers jours de la compétition, et plein d’autres infos : Mulhouse Philidor.
Le résumé, jour par jour !
Mercredi 25 – le départ :
Rendez-vous Gare de Lyon, nous louons un van et partons à 14h direction Mulhouse. Olivier Renet pilote tandis qu’Yves Lagache, notre président est là pour le co-pilotage (et plus tard pour nous mitonner de bons petits plats). A l’arrière, Julien Song, Bastien Dubessay, Antoine Manoeuvre, Gabriel Battaglini et moi-même mettons de l’ambiance, c’est parti pour 6 heures de route !
Nous retrouvons les anglais, Simon Williams et Alexandra Wilson à la gare de Mulhouse. Après une escale rapide dans un petit restaurant, nous partons pour le gîte et une bonne nuit de sommeil. La compétition débute le lendemain, à 14h30.
Jeudi 26 – Mulhouse Philidor :
Après un petit-déjeuner copieux et une révision de nos préparations, nous partons pour l’immense Musée de l’Automobile de Mulhouse, et un match difficile contre le club organisateur.
Une séance photos obligatoire et nous plongeons dans la compétition : c’est une équipe de premier ordre que nous propose d’affronter Mulhouse. Nous avions probablement négligé le côté « marketing » des choses, mais Mulhouse avait envie de frapper un grand coup pour cette première ronde, et tous leurs joueurs à 2700 sont de sortie. Antoine me mettra d’ailleurs la pression puisque je jouerai le plus faible élo de l’équipe adverse, Emmanuel Bricard (classé à « seulement » 2492 élo).
Le résultat final est bien honorable, nous avons eu la gentillesse de ne pas écraser nos hôtes, et nous nous inclinons diplomatiquement 6 à 2. Seuls nos anglais auront manqué de courtoisie en remportant d’éclatantes victoires au dernier échiquier (Alexandra bat Emma Richard) et surtout au premier échiquier, où Simon efface brusquement Radoslav Wojtaszek, 2721 élo, en 20 coups, avec les noirs !
Exceptionnelle performance, sur sa hollandaise fétiche, dans laquelle il sacrifie d’entrée de jeu une tour et ne laissera jamais respirer son illustre adverse. Le côté cocasse de l’histoire, c’est qu’il a déjà battu 2 fois ce même Radoslav (quelle perf!), et 2 fois…sur la même variante !
Rendez-vous demain, nous affronterons les tenants du titre, probablement avides de victoire après une première défaite surprise face Lutèce.
Vendredi 27 – Châlons-en-Champagne :
Match difficile en perspective pour Rueil qui affronte aujourd’hui les tenants du titre, Châlons-en-Champagne.
Nous connaissons d’ailleurs le directeur sportif de nos adversaires, Christophe Guéneau, qui enseigne à Rueil depuis des années les échecs aux adultes de niveau intermédiaire (1500-1900 élo) à l’aide d’exercices complexes et d’expressions truculentes (« pour défendre cette position, il va falloir un bon avocat« , « tu prends en h6 et tu ramasses la boutique« , etc). D’un point de vue sportif, le défi est de taille puisque Châlons aligne une pléiade de stars des échecs. Ce sera l’occasion pour nos jeunes de tenter de grandes performances, et pour nos pros (Simon Williams et Olivier Renet) de résister à certains des meilleurs joueurs de la planète.
L’occasion est trop belle, et Krasenkow en fera les frais : avec les blancs, il sacrifie un pion contre la Hollandaise de Simon, histoire de brutaliser notre héros d’hier et de faire oublier sa magnifique victoire face à Wojtajek. Simon accepte le challenge, joue quelques coups précis et la partie tourne à son avantage ! Malheureusement les complications tactiques en plein zeitnot seront le théâtre de plusieurs rebondissements et Simon sacrifie une pièce pour forcer la nulle. Krazenkow a eu chaud, et notre anglais continue de faire parler de lui.
Gabriel Battaglini, après une sévère défaite face à Dreev, accroche aujourd’hui Van Wely, joue pour le gain avec succès mais finit par s’écrouler dans la finale. Avec deux tours en septième rangée, il évite plusieurs variantes de nulle forcées, jouant avec une ambition légitime et tragiquement perd une excellente partie. Son jeu semble néanmoins en place, cela annonce du bon pour la suite du tournoi.
Notre entraineur Olivier affronte de son côté le prodige Anish Giri : à 16 ans, encore étudiant, parlant 4 langues (dont le russe et le japonais), déjà doté d’un élo galactique (2687 élo) bien mérité, le jeune résidant hollandais joue une partition parfaite. Olivier avouera n’avoir pas vu le jour dans cette partie : dominé dans la théorie de l’Est-Indienne, il sort de l’ouverture avec une position jouable, mais dans laquelle Giri a un plan, beaucoup de coups, et Olivier ne pourra jamais contrer proprement son initiative à l’aile-roi. Une défaite qui inspire le respect.
Les valeureux joueurs de la Nationale 2, Marc et moi-même, passons à côté de nos parties face à Dourerassou et Vernay. Antoine est sorti de sa préparation sur la Grunfeld et Adrien Demuth lui pose de gros problèmes. Antoine tient bon et par une défense acharnée de près de 5 heures, transite dans une finale de tour et pions égale. C’est donc un véritable drame pour notre espoir quand il saborde en un coup une partie qui devait s’achever par la nulle. Mais l’énergie et l’endurance sont nécessaires pour lutter contre de tels adversaires, espérons qu’il en trouve avant la fin de la compétition.
Alexandra, notre féminine et la compagne à la vie de Simon, rapporte un second demi-point à l’équipe et montre que nos anglais sont en forme !
Le second exploit viendra de notre dernier jeune, Julien Song, qui tire avec les noirs un demi-point face à Romain Edouard (classé à plus de 2600 élo). C’est d’autant plus fort que Julien est un peu souffrant depuis notre arrivée à Mulhouse, et cela explique qu’il ait même raté un gain clair dans les complications.
Quelques défaites logiques et de bonnes choses aujourd’hui donc, notre équipe a du potentiel.
Samedi 28 – Evry Grand Roque :
L’équipe se renforce, Christopher Debray (2376 élo) nous a rejoint hier soir et si nous n’avons que peu de chances réelles face à une autre écurie du niveau de Châlons, nos joueurs ont soif d’exploit.
C’est donc Evry qui se fait une frayeur. Et pourtant, leur sélection est impressionante : imaginer Quang Liem Le (double vainqueur du tournoi Aeroflot de Moscou) jouant au 5ème échiquier donne le vertige. Evry a soif de victoire, et le club vice-champion de France est venu à Mulhouse pour reconquérir son titre !
A l’arrière de l’équipe également, le match est difficile, Alexandra dans sa Française fétiche essuie les coups de Sophie Millet et la pénétration de la dame blanche dans la position sonne le glas pour notre féminine. Au sixième échiquier, le talentueux et espiègle Jules Moussard sort immédiatement des sentiers balisés de la théorie en jouant le rare 1.a3. face à Marc. Celui-ci en profite pour rentrer dans son système de Londres, avec les noirs et sort bien de l’ouverture. Pourtant il ne faudra que quelques coups venimeux à son terrible adversaire pour gagner un pion au centre, puis la partie.
Au cinquième échiquier, Christopher entame son tournoi par un coup de massue, dans une sicilienne ouverte, il sacrifie un pion pour tenter de malmener Quand Liem Le. S’il s’incline finalement, il aura joué une belle partie et l’analyse à l’ordinateur montrera même une variante de nulle forcée (totalement introuvable sur l’échiquier).
Pendant ce temps-là, au premier échiquier, Simon continue d’enrayer la logique du élo en humiliant un autre joueur à 2700 : Pavel Eljanov. Dans un gambit dame et avec les blancs, il prend l’avantage de la paire de fous et surtout cloue désagréablement le cavalier d’Eljanov en f6. Après une phase de regroupement sur la colonne e qui prouve l’incapacité de son adversaire de bouger une oreille, Simon Williams fait du « Williams » : il envoie les pions (f3, g4) et annonce clairement la couleur ! Il refuse de gagner une qualité en f8, notre garnement est ambitieux, ce qu’il veut, ce n’est pas une tour mais le roi. La logique le pousse donc à sacrifier lui-même une tour entière en h6. Il fallait voir le regard médusé des GMI qui passaient devant l’échiquier, et la mine déconfite d’Eljanov, réduit à l’impuissance devant le destin de son roi. Avec 2,5 sur 3 contre une opposition à 2700, Simon devient d’ores-et-déjà l’un des phénomènes de la compétition.
Evry se venge par les mains d’Eloi Relange et de MVL (Maxime Vachier-Lagrave) qui disposent dans des luttes de haut-vol de votre serviteur et de son entraineur Olivier. Je craque dans une position complètement égale au 39ème coup : avec 12 secondes à la pendule et 3 coups candidats à juger, je m’écroule en 1 coup (39.Tc1?? alors que 39.Td5 suivi de 40.Re2 et 41.b4! forcerait le partage du point). Eloi Relange ne m’a pas posé de problème et je rate ici une occasion en or. De son côté, Olivier fait face toute la partie à un torrent de menaces, jouant avec sang-froid, il résiste longtemps aux assauts du meilleur joueur français, jusqu’à ce que le torrent devienne fleuve et finalement tsunami. Une bien belle résistance de notre gourou !
Bastien Dubessay et Gabriel Battaglini, visiblement jaloux des résultats de Simon Williams, méritent à leur tour leur part de gloire. Dans une anti-Grunfeld ultra-technique dans laquelle Vladislav Tkachiev réussit à pousser son pion central jusqu’en d6, Bastien défend à merveille et tire sa nulle après 5 heures de jeu, tandis que Gabriel monte une attaque diabolique sur le roque de Fedorchuk (2657 élo s’il-vous-plait). Si son sacrifice de pièce est comme il l’avouera « tendu », la suite de la partie est de toute beauté…un sacrifice de pion en g6 permettra à toutes ses pièces de taquiner le roi noir, et Fedorchuk baisse les armes à deux coups du mat !
Dimanche 29 – Marseille Echecs :
Encore un match facile qui annonce une nouvelle victoire logique pour Rueil…
Ou pas !
Notre équipe francilienne rencontre aujourd’hui Marseille, le club d’Etienne Bacrot. Mais pourquoi s’effrayer quand chaque ronde nous a permis de réaliser une perf ?
Des raisons d’avoir peur, il y en a néanmoins plusieurs : Bacrot (2705), Istratescu (2623), Miton (2619), Naiditsh (2716) et Delchev (2619) entre autre.
Les anglais ramènent 1,5 point à la maison, les seuls du Cercle d’ailleurs. Ni la position gagnante de Christopher face à Arkadij Naiditsh (2716 élo) ni l’arrivée de notre cher Frank Gouanelle à Mulhouse ne permettront d’améliorer le score !
Lundi 30 – Metz :
On le sait depuis la publication du calendrier, Rueil n’a pas encore fini son chemin de croix au pays des champions, il reste sur sa route de nombreux clubs dangereux, et c’est encore le cas aujourd’hui.
Si Olivier Renet au second échiquier face à Riazintsev (premier élo de Metz avec 2679) arrête l’hémorragie par une nulle dans une Caro-kann d’échange, si Antoine Manoeuvre fait de même face à Jacques Elbilia (2390 élo) dans une belle partie stratégique où il a même eu quelques occasions de prendre l’avantage, le reste de l’équipe revient bredouille.
Oui, vous l’avez compris, l’impensable se produit, une rumeur se tait aujourd’hui, les mauvaises langues ont même l’occasion de persifler : notre invincible Simon Williams ne l’est plus. Que s’est-il donc passé ? La préparation (dégustation de vins alsaciens / écoute de hard rock) ne fait-elle plus effet ? La fatigue commence-t-elle à se faire sentir ? Simon veut-il se montrer solidaire de son équipe dans la déroute ? Toujours est-il qu’Evgeni Postny (2612 élo) a pu respirer dès le premier coup : sur 1.d4, l’anglais ne joue pas sa désormais légendaire hollandaise (1…f5) et opte pour 1.Cf6. Peu à peu, tandis que Postny prend de l’espace à l’aile-dame (a5, Ta3), Simon se regroupe au centre et pousse ses pions sur l’autre flan (pions en g5 et h4) pour y installer un terrible duo de cavaliers (fermement installés en f4 et g3) au prix d’un sacrifice de qualité en e5. Postny ne rate pas l’occasion de scalper notre meilleur buteur et remporte une belle victoire.
Tandis qu’Alexandra, Frank et Gabriel se rejoignent dans la défaite, Rueil garde de l’espoir dans plusieurs parties. Christopher, déjà gagnant hier contre Naijditsh, dérape dans une excellente position (complètement dominatrice) face à Jean-René Koch (2476 élo). Une finale de cavalier contre trois pions résulte d’une mauvaise décision de Christopher et l’amertume est encore au rendez-vous, hélas, alors qu’on attendait là une belle victoire. Julien, un jeune rempli de talent et de…microbes, suit le même destin face à Vladimir Lazarev (2443 élo). Une position solide en sortant de l’ouverture, une résistance lucide en milieu de jeu (peut-être un peu passive à son goût) et de bonnes chances en fin de partie s’il avait choisi le meilleur plan (Dame b7 et Cavalier en d4), tous les ingrédients d’une belle victoire sanctionnés d’un zéro froid et injuste à la sortie du four.
Le score final est un peu dur, le CERM s’incline 6 à 0 dans un match qui aurait aisément pu finir en 4 à 2. Il faut dire que nous essuyons actuellement les coups des meilleurs clubs, et gardons sur notre chemin la possibilité de remporter quelques victoires (Noyon, Strasbourg, Guingamp sont peut-être à notre portée).
Un repas de gourmet (une omelette dont le président n’est pas peur fier) a remis d’aplomb nos coéquipiers, visiblement prêts à faire souffrir Clichy ce mardi.
Mardi 31 mai – Clichy :
Clichy…
Un club français dont la légende est bien ancrée : multiple champion de France, plusieurs fois champion d’Europe, découvreur de talents (Olivier Renet y a construit sa renommée, Jean-Claude Moingt en a été longtemps le capitaine émérite, avant de devenir président de la FFE) Clichy a construit les échecs français autant que la fédération.
Match à émotions pour Olivier et son élève Bastien, lui aussi ex-clichois. Match à émotions mais match joué à fond. Il n’est question pour personne de faire de cadeaux et Rueil va bousculer l’autre cercle du 92 !
Si l’expérience et la moyenne élo plaçait les clichois en favoris absolus sur le match, l’appétit de nos jeunes a rééquilibré les chances.
Simon Williams face à Liviu-Dieter Nisipeanu (2659 élo) joue une belle partition dans une Défense Vieille-Indienne jouée à la manière d’un gambit Benko (avec un sacrifice de pion en b5). Il rendra le pion a4 pour réactiver ses pièces et quand Nisipeanu annule, il souffle. Sa tour en d4 aurait pu être enfermée ! Il « suffisait » de voir la manoeuvre 44.Tb3 (consolidant le fou en d3) suivi de 45.f3 (consolidant le pion e4) et enfin le coup de grâce 46.Cc2 qui gagne la tour assiégée en plein milieu de l’échiquier. Simon était donc encore…gagnant !
Au second échiquier, Olivier Renet joue une Espagnole avec 4…d6 et Hicham Hamdouchi (2593 élo) se décide pour 5.d4. Olivier sait qu’à ce moment, le coup critique est 5…b5, mais par peur de s’embrouiller dans les variantes de cette ouverture très technique, il décide défendre une position légèrement inférieure en jouant 5…Fd7. Inspiré, il donnera la qualité à la manière d’un T.Petrossian par son joli coup 14…Txe5!? pour stabiliser la position de ses pièces mineures et bloquer le centre blanc. Hamdouchi, très fort quand il a l’initiative, n’en reste pas là et sacrifie à son tour un pion 21.d6!? pour malmener « Daddy Olivier ». Il obtient un avant-poste de luxe pour son cavalier en d5 et place une tour en septième rangée via la colonne f. Après quelques coups, Hamdouchi rend la qualité pour briser le roque noir, mais Olivier, plein de sang-froid, stabilise le jeu en poussant ses pions à l’aile-dame, son cavalier ayant pour mission de sauver les meubles (il dispose d’excellentes cases en e5 et g6). Hicham ne trouvera jamais la solution et accepte son destin en signant la nulle au 39ème coup.
Bastien a pour mission de tenir contre Pavel Tregubov (2607 élo) au troisième échiquier. Les deux joueurs récitent longtemps la théorie, marque de la bonne préparation de notre kid. Là, Pavel joue une amélioration claire avec 20…Fa6! et le contrôle de la position échappe complètement au rueillois : les pièces noires sont bien placées et il est clair que le pion c4, attaqué de toute par, est un problème.
Bastien décide de le sacrifier pour infliger des pions doublés en f, mais Pavel réfute rapidement son jeune adversaire, transitant dans une finale Tour + fou + pion d’avance contre Tour + Cavalier. Il n’y a rien à faire, Tregubov est trop fort aujourd’hui.
Toujours malade, Julien Song joue pourtant à merveille avec les noirs contre Sébastien Mazé (2571 élo) et n’aura jamais été inquiété, il signe une solide nulle qui montre tout son potentiel, face à un joueur en forme qui le domine de près de 250 points élo !
Tandis que Gabriel et Antoine signent deux nulles de combat contre Axel Delorme (2456 élo) et Maxime Lagarde (2430 élo), avec une performance remarquable d’Antoine (qui jouera 15 coups avec 5 minutes à la pendule dans une position clairement inférieure), deux drames viendront faire respirer l’équipe de Clichy :
– Alexandra joue face à la terrible Almira Skripchenko (2462 élo), Championne de France. Dans une sicilienne 2.d3, Alexandra met le feu sur l’échiquier, joue de tous les côtés, avec le roi au centre, et domine tout l’échiquier, avec les noirs, au bout de 15 coups. Mais dans les complications obscures qui suivent l’ouverture du jeu, Almira remporte une victoire étrange, en présentant ses excuses à notre féminine dépitée qui méritait pourtant la victoire !
– Christopher Debray, pour la troisième fois d’affilée, joue un adversaire mieux classé et…le surclasse ! Il refusera la nulle de Yannick Pelletier (2587 élo) pour le torturer avec une tour et sa terrible paire de fous qui impose son rythme à la partie. Mais il craque en un coup, donnant une pièce au numéro 1 suisse. La malédiction se poursuit et sanctionne un Christopher Debray pourtant en pleine forme.
Nous perdons donc 3 à 0 un match qui aurait pu se finir en victoire 2 à 1, clairement un exploit de ceux que l’on surnomme maintenant « les petits poussets » de Rueil-Malmaison !
Rendez-vous demain cet après-midi pour un match capital face à l’équipe de Noyon. Antoine Manoeuvre et Yves Lagache y seront envoyés spéciaux et auront à coeur de prendre un maximum de photos pour vous faire vivre ce défi comme si vous y étiez !
Mercredi 1er Juin – Noyon :
Notre équipe se renforce pour la dernière ligne droite du top 12 : si l’on exclut Gabriel Battaglini et sa triple nationalité, Zsivko Bratanov (2465 élo) est seulement notre troisième étranger après Simon et Alexandra. Il rejoint donc l’équipe avant le match décisif contre Noyon.
Nous le savons, et eux le savent aussi, il faudra gagner impérativement pour garder des chances de maintien. Et si nous alignons aujourd’hui notre équipe la plus forte, Noyon a eu la main encore plus lourde avec l’arrivée de 4 nouveaux joueurs !
Au premier échiquier, Noyon a probablement voulu temporiser et pour faire face à notre british déchaîné, Ivan Sokolov (2645 élo) est de sortie. Seulement voilà, nous avons préféré placer Zsivko en première ligne pour faire descendre Simon et « assurer » un point un peu plus bas, un pari ambitieux et risqué. Si Simon remplit sa part du contrat en écrasant Cyril Marcelin (2482 élo) au troisième échiquier, Zsivko ne peut pas résister bien longtemps face à la légende Sokolov.
Au second échiquier et suite à une ouverture assez étrange dans laquelle son cavalier semble devenir fou (un comble!) en virevoltant de f6 à h6 en revenant par g8… Olivier fait vite face à une attaque décisive à l’aile-roi. Jordi Magem (2569 élo) ne fait pas dans le détail : le grand roque met son roi à l’abri, les pions h puis g avancent et un sacrifice de cavalier en f5 mais fin à toute idée de résistance des noirs. Noyon mène 2 à 1 et remporte le combat à l’avant.
La malédiction continue pour Christopher Debray : au quatrième échiquier, il subit sa quatrième défaite dans une position supérieure. Alexander Kovchan (2558 élo), malgré l’avantage du trait, se retrouve en infériorité mais une fois encore, le syndrome Debray frappe notre équipe, et Christopher subit un coup au moral.
Son ami Gabriel réalise une belle performance au cinquième échiquier face à David Housieaux (2436 élo). Dans une défense moderne (1.e4 g6), il se montre créatif et son attaque à l’aile-roi commence par un coup à l’autre bout de l’échiquier, 16.Ta5! qui cristallise le manque de liberté de la dame noire, « pat » en h4. Par deux fois, Gabriel avance un pion en f4, puis en f5, et le roque noir se désagrège à vue de pion.
Avec les tours doublées sur la colonne f, une dame sournoisement prête à sortir de sa tanière (en c3) et un cavalier qui louche à son tour sur la case f5 (« the place to be » dans cette partie), Gabi est prêt pour l’assaut final. David se rend à l’évidence et force l’échange des dames pour survivre. Au passage, il paie un lourd tribut, la transition en finale lui coûte 2 pions. Gabi est donc bien le deuxième homme en forme de l’équipe, il est d’ailleurs toujours en lice pour une norme de GMI.
Au sixième échiquier, Bastien défend sa Grünfeld chérie face à Chi-Minh Nguyen (2381 élo), et le débat porte aujourd’hui sur la ligne 4.Fg5 jouée à de maintes reprises lors du dernier Tournoi des Candidats remporté par Gelfand. Après 12.Cxd4!? Chi-Minh propose un intéressant sacrifice de qualité en prenant le pion b7. Tous les coups sont forcés et la partie bascule dans une finale Dame et Fou contre 2 Tours et Fou pour les noirs. Les blancs ont un petit avantage après l’échange des fous. Bastien instaure un blocus sur la septième rangée avec ses 2 tours, rendant toute traversée de cette frontière impossible pour les pions blancs, mais Chi-Minh est patient : il monte peu à peu son roi et l’assaut combiné de son duo royal et du pion ç finit par vaincre la résistance acharnée de Bastien, qui abdique au 74ème coup. Dommage !
Au septième, Julien Song joue un gambit dame classique contre Nicolas Clery (2396 élo). Dans une variante tranquille avec Dd2 et petit roque, il exploite les cases faibles b5 et d6 pour pénétrer avec son cavalier jusqu’en b7, mais son adversaire s’active et la partie échappe à Julien lorsqu’il décide d’échanger les pions a2 et a5. Alors que Nicolas capture le pion blanc, Julien s’emmêle les neurones et ne parvient pas à regagner son jumeau noir en a5, ni en a4, ni en a3. Le pion change de rôle, passant du rôle de victime à celui de bourreau et son avancée force l’abandon des blancs au 35ème coup.
L’échiquier féminin nous était défavorable sur le papier puisqu’Alexandra (2021 élo) rendait 1 point élo à Karine Assad (2022). Heureusement, Alexandra ne s’arrête pas à ce genre de détails, tout comme l’avantage du trait ne l’intéresse guère. C’est avec les noirs, et en 21 petits coups que notre championne gagne cette partie. Même si Karine a mal réagi, admirez l’oeil tactique de notre joueuse : les blancs viennent de jouer 19.Fe3.
19…Txe5!
Un sacrifice de qualité qui va permettre au cavalier de bondir en g4 avec ses gros sabots. Karine va s’écrouler immédiatement en jouant 20.Fxc5?? au lieu du nécessaire 20.fxe5 Cg4 21.Fxc5 Dxh2+ 22.Rf1 bxc5 avec un grand avantage pour la rueilloise. Mais Karine a oublié l’intermezzo 20…Txe1+ et doit abandonner.
Nous échouons encore une fois d’un rien (comme face à Clichy) et Noyon prend une option pour le maintien avec ce 5 à 3 face à notre cercle.
Jeudi 2 juin – Vandoeuvre :
Pour Rueil, l’objectif du maintien s’éloigne, la défaite contre Noyon étant un coup dur. Vandoeuvre enfonce le clou en nous infligeant un sévère 5 à 0 aujourd’hui et il faudra garder la tête froide pour ne pas céder au découragement.
Alexandra et Simon jouent de nouvelles ouvertures, côté noir, notre garnement s’égare dans une défense Est-Indienne, la baïonnette (b4) lui coupera le souffle après un beau combat. De son côté, Alexandra s’amuse dans un Gambit roi récréatif, mais Fiona Steil-Antoni (2093 élo) mate la première.
Bastien et Gabriel jouent également très activement, sacrifiant tous deux un pion tôt dans la partie. Et tout deux manqueront de réalisme, finissant par perdre respectivement contre Alain Genzling (2395 élo) et Nicolas Brunner (2450 élo). Zsivko Bratanov, au 3ème échiquier, joue une partie compliquée contre un adversaire bien plus fort au élo, Konstantin Landa (2613 élo), qui concrétisera son avantage en finale.
Le bon point viendra de notre Maître Entraineur et de ses élèves (Julien Song et Antoine Manoeuvre) puisque les trois neutralisent leurs adversaires (tous mieux classés) : Christian Bauer (2638 élo), Mustapha Nezar (2405 élo) et Christophe Philippe (2422 élo), ce dernier a peut-être même frôlé la défaite contre Antoine…
(Désolé, il faut que je fasse la blague…)
Gros plan sur la partie rock’n’roll Philippe – Manoeuvre !
Dans l’ouverture, Antoine est vite hors-théorie, Christophe Philippe joue 3.Cc3 et annonce la couleur : un grand roque rapide et une attaque à l’aile-roi se préparent. Antoine conçoit un plan intéressant (5…Ce4) et son joli coup 7…Fe6!? menace directement le cavalier blanc dont la retraite est coupée.
Christophe est donc forcé de jouer 8.e3 et c’est une première victoire pour Antoine : les blancs ne menaceront plus de jouer leur fou en h6, l’attaque est contrée !
Après le grand roque, le Maître de Vandoeuvre décide de lancer tout de même son assaut de pions à l’aile-roi (g4, h4, h5), mais Antoine croise les pions avec sang-froid (g5 en réponse à h5), parvenant ainsi à garder l’aile-roi fermée. Les pions blancs avancés constituent même d’importantes faiblesses (le pion g4 gêne le fou blanc en e2 et le pion h6 demande une attention constante sous peine de tomber.
Antoine assure et garde une position des plus solides, peut-être aurait-il pu jouer son roi en e6 avant de jouer sa tour en d7, provoquant l’échange des dames dans de meilleures conditions, mais personne ne lui reprochera d’annuler contre une opposition de 200 points plus forte que lui, et ce avec les noirs. Bravo !
Vendredi 3 juin – Lutèce Echecs :
La routine s’est installée, les fans gardent un oeil attendri sur cette jeune équipe partant jour après jour avec l’envie de créer la surprise, revenant chaque soir avec une nouvelle leçon d’humilité.
Si l’on regarde un peu en arrière, Rueil a suivi un curieux chemin : la défaite contre Noyon fut tragiquement serrée, mais nous n’avons jamais trouvé de solution pour contrer les autres, les grands clubs (Metz, Marseille, Mulhouse par exemple) contre qui nous nous sommes inclinés largement.
Toutes sauf deux équipes, étrangement, pour qui la pillule rueilloise fut bien dure à avaler. Ces deux clubs que nous avons bousculé sont les deux plus grands de france, Evry et Clichy, ce dernier est même passé au bord du précipice (si seulement Christopher et Alexandra avaient concrétisé…).
Yves est barbu, chabalesque, il l’avait annoncé dès le début du voyage : « Le jour où vous gagnez, je me rase la barbe, foi de président, et pas avant ! »
Aujourd’hui, Lutèce a eu chaud, aujourd’hui, Yves a bien cru qu’il devrait sortir son rasoir. Mais une nouvelle question se pose quand Simon le croise pendant le match :
« – Que se passera-t-il si nous faisons match nul ? demanda alors notre garnement anglais.
Notre président pris le risque de répondre :
– Je ne vois qu’une solution…je me raserai à moitié ».
Au premier échiquier, Simon ridiculise totalement le grand Boris Avrukh (2601 élo). Pour sortir de la théorie dans une sicilienne ouverte, il décide de ne pas reprendre le pion d4, et joue 4.Fg5??, un affront qui ne l’empêchera pas de vaincre son adversaire en 31 coups ! Unbelievable !
Au second échiquier, nous avons monté Gabriel Battaglini, obligé à l’exploit pour tenter la norme de GMI, il doit absolument gagner avec les noirs contre Alexander Moiseenko, le match nul n’est pas envisageable. Et logiquement, le 2679 a pu tirer parti des grands risques que Gaby a pris dès l’ouverture pour le vaincre sans problème. Ce sera pour une prochaine fois !
Olivier Renet et Marie Sebag (2504 élo) signent une belle nulle de combat, quelques escarmouches tactiques montrent que Daddy Olivier a tenté de gagner aujourd’hui. Au quatrième échiquier, notre pauvre Zsivko a souffert : Alberto David a eu le temps de « s’échauffer » dans les rondes précédentes, et ne laisse aucune chance à notre mélomane.
A l’arrière, le match se passe plutôt bien, Bastien et Antoine ont progressé ces derniers jours et leur jeu est devenu très solide, ils signent de bonnes nulles aux 6ème et 7ème échiquier. Malheureusement, Alexandra aussi, sa partie contre un joueur bien mieux classé (Yves Lamorelle, 2209 élo) est encore excellente, elle gagne une pièce mais se laisse enfumer dans la finale.
C’est d’autant plus triste que Julien a écrasé Patrice Babaut (2400 élo) au cinquième échiquier, laissant la victoire d’équipe à portée de la main ! Une victoire d’Alexandra aurait aussi permis à Yves de se raser intégralement, et à Rueil d’enfin récolter quelques points bien mérités. Et si un match nul face à Lutèce (les tombeurs de Châlons) est un excellent résultat en soi, il est également synonyme pour nous de relégation.
Le CERM aura à coeur de remporter un match samedi face à Guingamp, à suivre !
Samedi 4 juin – Guingamp :
La dernière ligne droite de la compétition est le théâtre de matchs cruciaux. A l’avant, Clichy doit encore résister à Metz (aujourd’hui) et Marseille (dimanche) pour s’octroyer le titre, à l’arrière les équipes qui craignent la relégation s’affrontent dans des matchs sans merci. Noyon remporte aujourd’hui un match crucial contre Lutèce (3 à 2) et condamne dans le même mouvement deux équipes à la descente en N1 : Strasbourg (défait par Vandoeuvre 3 à 2) et Guingamp (qui affronte Rueil) nous rejoignent donc dans notre chute. De notre côté, l’objectif est clair, Rueil veut repartir avec une victoire à la maison. Le match nul contre Lutèce nous a mis en appétit, et Olivier n’a pas eu à faire beaucoup d’efforts pour remonter toute l’équipe à bloc : les guingampois n’ont qu’à bien se tenir.
Au premier échiquier, c’est devenu une habitude et Simon n’étonnera personne en étonnant tout le monde ! Il joue un début à peine étrange (b3, Fb2 et un rapide…Ch3 !) pour tenter de prendre l’avantage contre Aleksander Mista (2569 élo). La partie s’achemine dans un combat de pièces lourdes (tour et dame) avec fous de couleur opposée. Le partage logique du point laisse espérer une médaille pour Simon, auteur d’un parcours remarquable sur les premiers échiquiers malgré son élo bien inférieur à la moyenne de ses adversaires.
Olivier Renet, avec les noirs, affronte le jeune et dangereux grand-maître Matthieu Cornette (2562 élo) dans une Catalane tactique. Les blancs prennent la paire de fous et obtiennent une pression classique sur le pion b7 d’Olivier. Avec 20…Cd7, notre capitaine laisse ce pion en prise, empoisonné sous peine d’une fourchette (21…Ca5). Matthieu joue alors un excellent pseudo-sacrifice 21.Cxf7! qui ouvre les lignes sur le roi noir, menace de jouer 22.Fd5 et va permettre à la tour de pénétrer sur la septième ligne.
Olivier, sous pression, défend très intelligemment et la partie bascule dans une finale avec fou et cavalier pour les noirs, contre tour et deux pions pour les blancs. On peut alors croire aux chances de survie du rueillois comme l’aile-dame est peu à peu vidée de ses pions. Mais Matthieu finira par concrétiser son avantage, on ne peut que le féliciter de cette partie jouée avec beaucoup d’énergie.
Au troisième échiquier, Zsivko arrête la série noire face au jeune breton Kevin Terrieux (2434 élo) par une répétition de coups au 19ème coup.
Opposé à Daniel Hausrath (2515 élo) avec les noirs, Gabriel va aujourd’hui encore produire une excellente partie. Visiblement confiant dans sa position au sortir de l’ouverture, il décide d’entrer dans des complications tactiques, son terrain de jeu de prédilection, après 18.h5 a4!?.
Gabriel est un joueur dans l’âme, il aime prendre des risques, les paris audacieux, et après quelques coups seulement (21…Tb4!? et 22…Cc3!?) il n’y a plus de retour en arrière : son roque est affaibli, sa tour occupe une position peu orthodoxe. Il est temps pour Gabriel de déchaîner son talent en sacrifiant la qualité par 22…Dxd4! qui libère le potentiel de sa paire de fous braquée sur l’aile-dame blanche. Avec 26…Ff6, il sacrifie également le pion b7, et le jeu change brusquement de direction. Tout à coup, c’est le roi blanc qui se retrouve assailli !
Les blancs avaient ouvert la colonne h (18.h5) et ils vont s’en mordre les doigts, Gabriel termine par un feu d’artifices, un déluge de pièces se jettent sur le roi blanc qui ne peut éviter Gabriel de conclure par un dernier sacrifice, 32…Fxg3! et c’est mat !
Julien Song doit aujourd’hui s’imposer face à Jean-Pierre Le Roux (2523 élo) s’il veut réaliser une norme de MI. Défi difficile pour lequel il répond à la Défense Grunfeld du grand-maître par la variante fétiche des jeunes rueillois (4.Fg5) qu’ils auront eu l’occasion de jouer côté blanc (Antoine face à Adrien Demuth) et côté noir (Bastien face à Chi-minh Nguyen).
Le Roux choisit un ordre de coups original (Cd7 et c6 très tôt, la sortie du fou de cases noires différée lui permettant de jouer celui-ci en h6, d’où il empêche la manoeuvre habituelle Cg5), et Julien se décide pour 11.Db1 (mettant la pression sur b7 tout en gardant en tête la poussée e3-e4.
Mais comme face à Clery, Julien ne peut se satisfaire de son jeu d’ouverture, et comme face à Clery, il fait face à un pion passé dangereux dans le milieu de jeu. Et comme face à Clery, il ne trouvera pas de solution.
Bastien de son côté, obtient une nulle miraculeuse face à Pierre Baillet (2429 élo). Côté noir, Bastien entre dans une Sicilienne Rossolimo, avec son fou en fianchetto en g7 et la fermeture du centre, la partie ressemble peu à peu à une Benoni. Les noirs ont une faiblesse en a6, les blancs en b2, la position semble équilibrée quand Pierre décide de sacrifier son fou sur le roque de Bastien, faisant moisson de pions (f7, et g6 d’abord, mais d6 et h6 par la suite également). Bastien joue avec sang-froid, double dame et tour sur la colonne g, aidant ainsi son roi à trouver un refuge contre les attaques incessantes de la dame blanche. Il capture le pion g2 et transite dans une finale cavalier et pion contre 5 pions qui a l’air difficile. Grâce à une dernière manoeuvre précise (son pion en a5 fixe une faiblesse en b3, qu’il capture par 47…Ce4! et 48.Cc5) il forçe un partage du point mérité.
Contre Dumitrache (2445 élo), Antoine entre dans la variante Tartakower du Gambit de la Dame et les choses tournent mal quand Dragos joue 19…Da5 et 20…b4. Empêchant notre graine de champion d’exploiter l’importante case c5. Son pion a4 tombe dans la foulée et Antoine doit passer en défense. Il pose des problèmes considérables au MI, qui peine à trouver un plan de gain malgré l’installation de sa tour sur la seconde rangée et de son fou en f3, créant des réseaux de mat sur la première rangée et condamnent Antoine à la passivité. Ce n’est qu’après la montée laborieuse du roi noir et la percée décisive à l’aile-roi (56…g3! -+) qu’Antoine doit s’avouer vaincu, il subit une véritable attaque de mat en finale.
De son côté, Alexandra continue son petit bonhomme de chemin et écrase Aurélie Le Diouron (1981 élo) dans sa Française fétiche. Son jeu péchu a fait des ravages tout au long de la compétition, marquant de nombreux points pour l’équipe et elle se retrouve à l’aube de la dernière ronde en passe de réaliser une norme de Maître Féminin !
Simon plaisante à propos de ce titre qui dans sa langue maternelle s’intitule WCM (Woman Chess Master), souvent pastiché en WaterClosed Master. Mais Alexandra est loin d’être une dame pipi, et son sacrifice de qualité en d4 (14…Tg4 et 19…Txd4!) a marqué le début d’une attaque létale sur le roi blanc resté au centre.
Après cette défaite d’une courte longueur face à Guingamp, l’équipe essaiera demain de remporter la victoire face à Strasbourg.
Dimanche 5 juin – Strasbourg :
Nous terminons le Top12 par une confrontation à échelle humaine, face à Strasbourg, une des rares équipes contre lesquelles nous ambitionnons raisonnablement un bon résultat. L’ennui étant que de l’autre côté du miroir, Strasbourg voit Rueil à son tour comme l’un des rares adversaires accessibles. Le match promet donc d’être joué à fond des deux côtés, et loin de la « finale » qui oppose en même temps Clichy et Marseille pour le titre de Champion de France, Rueil-Strasbourg sera donc l’autre match à couteaux tirés de la 11ème journée.
C’est ému et replié dans ma chambre d’hosto (rien de grave) que je suis pour la dernière fois notre équipe fanion et ses aventures du Top12. Pour la visite guidée, suivez-moi !
Première surprise et premier coup dur pour Rueil : les anglais passent à côté de leurs parties respectivement au premier échiquier face à Rozentalis (2573 élo) et Nicoara (2104 élo). C’est peut-être dû à l’avancement du match dans la matinée (il a débuté à 11h car ce soir se tiendra la traditionnelle cérémonie de clôture du championnat), probablement la fatigue est-elle un des acteurs de cet accident. Peut-être faut-il simplement oublier cette contre-perf’ et retenir les innombrables exploits que le couple a réalisé tout au long de la compétition. Congrats !
Nous partons donc avec un bon handicap et le match s’avère désormais déséquilibré en notre défaveur. Olivier ne s’en laisse pas compter et annule calmement face à Sanikidze (2524 élo), un joueur qui a endossé le même rôle ingrat qu’Olivier, encaissant de nombreuses défaites au premier échiquier de Strasbourg.
Au troisième échiquier, Zsivko fait face à l’actuel Champion du Monde vétéran, Anatoly Vaïsser (2533 élo), également ex-Champion de Russie et ex-Champion de France (un palmarès unique). Vaïsser prend l’avantage, et dans le milieu de jeu Bratanov est complètement ficelé. Pour survivre, il doit donner un pion et endure une finale pénible. Héroïquement, il l’a tiendra pendant près de six heures, 89 coups et obtient un demi-point crucial en fin de match.
Au quatrième échiquier, Bastien affronte avec les pièces blanches le célèbre Gabor Kallaï (2460 élo). Après un début de partie calme dans un gambit dame accepté (variante 3.Cf3), Bastien se mobilise en attendant que les noirs tentent quelquechose. Il est prêt et quand Gabor joue 21…c6, Bastien affaiblit la structure adverse (faiblesses en a6 et c6, qu’il gagnera), fait virevolter ses cavaliers et prend un avantage positionnel évident. En transitant dans une finale Tour et Cavalier, il rate plusieurs occasions de concrétiser. Au téléphone, Antoine Manoeuvre qui a alors terminé sa partie, me prédit un malheur, notre Dubessay semble se perdre seul dans les méandres tactiques.
Et la prophétie s’accomplit.
Nos diaboliques jeunes talents sauveront l’équipe, en réalisant un tir groupé aux échiquiers 5, 6 et 7 !
Gabriel Battaglini ouvre la marque pour la deuxième fois ce week-end, avec les noirs contre Daniel Roos (2389 élo). En milieu de partie, il s’approche d’Yves, spectateur aux premières loges, et lui glissera ce mot : « je sens bien la position, je vais la jouer pour gagner ». Suit immédiatement un puissant sacrifice de pion qui entraine quelques échanges et affaiblit la position du roi blanc. Avec fous de couleur opposée, une dame et une tour très actives, il obtient une compensation évidente. Roos joue avec le roi au centre, un fou cloué en f3 et de multiples faiblesses (pions a4, b2, f3 et h3!). Il ne faudra qu’une dizaine de coups pour que Gaby prenne l’avantage matériel et force la promotion du pion c.
Au sixième échiquier, Julien Song échange rapidement les dames et trouve néanmoins le moyen de compliquer grandement la défense d’Emmanuel Reinhart (2357 élo). Le fou du strasbourgeois reste dangereusement cloué en a5 tandis que Julien enchaîne les pirouettes pour défendre sa seule faiblesse (b2) tout en menaçant constamment de gagner une pièce en a5. Lentement, le lointain fou g2 fait sentir son influence et le pion c6 de Reinhart ne peut supporter la pression. Il tombe, puis un autre dans les échanges sur a5. La position est désespérée, et Julien conclut d’une bien jolie manière par Fxg6 et Fxh7, une astuce tactique qui le laisse avec une constellation de pions supplémentaires.
Antoine nous offre une belle surprise au 7ème échiquier : Louis Roos (2359 élo) ne résistera pas 30 coups dans l’attaque qui suit le joli sacrifice de cavalier en d5 (20…Cbxd5!). Antoine en compensation récupère les pions centraux blancs d5 et e4, installe son cavalier survivant en f4, gagne donc dans la foulée le pion h3 et poursuit son attaque sans plus avoir de déficit matériel à combler. Après 29.Ce3 (le dernier coup enregistré si vous visionnez la partie), Antoine a joué 29…Dxf3+! 30.Dxf3 Fxf3+ 31.Rxf3 e4+ qui gagne le fou blanc en b2 sur une découverte du pion.
Antoine aura donc vécu deux tournois : 3 rondes difficiles et 0 points marqués les premiers jours, et après un jour de repos, un second tournoi bien meilleur (plusieurs nulles et cette victoire pour ponctuer sa remontée). Il apporte ici le troisième point de l’équipe grâce auquel nous avons même pu espérer un moment gagner le match.
La plupart des joueurs sont rentrés directement sur Paris après le match, seuls Bastien, Antoine, Yves et Olivier restent ce soir pour le dîner de gala et la remise des trophées. Ils rentreront demain en van à Paris, ce sera l’occasion de fêter l’anniversaire d’Antoine !
A noter également la venue surprise de Denis Bafounta qui a fait le déplacement depuis Stuttgart (Allemagne) pour passer le weekend avec l’équipe et les soutenir pendant les matchs.
Un grand merci à toute l’équipe dirigeante du CERM (en particulier à Yves, Jean-Louis, Charles et Stéphane), à la Mairie de Rueil-Malmaison, et aux joueurs pour cette belle aventure, qu’on espère réitérer le plus tôt possible.
Super reportage
Bravo à toute l’équipe
quelque soit le résultat ,on a tenté l’aventure,et cela restera pour longtemps dans la memoire de notre club.
Bon courage à toute l’équipe.
Bravo pour ces belles performances qui en font rêver plus d’un, et pas seulement ceux sur place !!!
Bravo aussi pour ce compte-rendu, et que j’espère comme tant d’autres sans doute, voir se poursuivre tout du long…
Très sympa et merci pour ce bel effort.
Cdt
Bravo & Merci à cette jeune et talentueuse équipe de Rueil Malmaison…
pour le plaisir procuré à nous autres humbles amateurs et avides de jeu aussi convaincant par moment !
J’espère que l’ambition « inavouée » (pour tout compétiteur qui connait ses limites) de se maintenir et non réalisée ne signera pas la fin d’une grande époque : entre l’arrivée de jeunes talents à l’avenir prometteur, nos magnifiques « étrangers » « buteurs » en de nombreuses occasions, entre autres, et de valeureux combattants, pourvu que l’aventure continue l’année prochaine avec la même détermination et la même continuité dans les effectifs !!!
Rueil était le petit poucet, mais n’a pas démérité, loin de là. De formidables parties, retournements de situation, belles performances ont jonché leur parcours, de quoi éveiller la curiosité et l’intérêt des écuries adverses qui auront du poids pour le recrutement futur, mais pas forcément la même ambiance, je crois que tout est dit ;o)
Alors au-delà, et après les commentaires de la dernière ronde, faîtes nous profiter d’une synthèse globale de cette compétition à laquelle vous vous êtes distingués et de l’avenir de ce club.
Un grand « fan » de cette équipe, assurément !
On reviendra dans deux ans, mais cette fois dans le rôle de l’OGRE et non plus du Petit Poucet !
Merci à Guillaume pour ce « reportage » sympa à lire et aux joueurs pour ces parties, auxquelles je n’ai rien compris mais que j’ai pris beaucoup de plaisir à suivre (au détriment parfois de la rentabilité pour l’actionnaire, je l’avoue :).
NB1: Merci pour les remerciements.
NB2: Guingampais, pas Guigampois. Attention aux susceptibilités bretonnes, elles peuvent être exacerbées :).
Bonjour,
Bravo pour votre site et compte rendu complet, très sympas et plein d’humour rafraîchissant! Désolé pour la descente, en tant que trésorier de l’Echiquier Guingampais je compatis naturellement.
Félicitations pour votre combativité et à bientôt lors de prochaines rencontres. Thierry JUBIN