- Le récit des huit premières rondes du Top 12
- Ronde 1 : Strasbourg prend sa revanche
- (Strasbourg 5 – Rueil 2)
- Ronde 2 : Evry vacille
- (Evry – Rueil 3 – 1)
- Ronde 3 : A un cheveu de Bischwiller
- Ronde 4 : Mulhouse – Rueil 4 – 0
- Ronde 5 : Rueil – Clichy 0 – 7
- Ronde 6 : Bois-Colombes – Rueil 5 – 1
- Ronde 7 : Rueil – Metz 2 – 3
- Ronde 8
Le récit des huit premières rondes du Top 12
Ronde 1 : Strasbourg prend sa revanche
(Strasbourg 5 – Rueil 2)
En 2013, notre victoire sur Strasbourg 3-2 nous avait mis en excellente position pour le maintien parmi l’élite, et avait mis la pression sur le club alsacien. Malheureusement, cette année les rôles sont inversés : Strasbourg nous inflige un 5-0 sur les 5 premiers échiquiers et remporte largement le match.
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Le maillot brésilien d’Olivier n’a pas suffi à impressionner Vladimir Baklan.
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Ronde 2 : Evry vacille
(Evry – Rueil 3 – 1)
Une rencontre difficile en perspective contre l’une des meilleures formations du championnat, Evry.
Nos grands-maîtres, hier victimes unilatérales de Strasbourg, se réveillent et montrent leur solidité. Nous pouvions y croire, nous avons même « tenu le match » à un moment. Mais quelques erreurs (Simon laisse échapper le gain, Tal perd dans une position supérieure, Quentin se laisse endormir), et le match nous échappe.
Pendant ce temps-là, nos rivaux dans la lutte au maintien se battent bien, et le grand favori francilien Clichy s’impose d’un petit 2 à 1 contre Châlons… Le championnat s’annonce serré !
Ronde 3 : A un cheveu de Bischwiller
Ce jour nous voit affronter une autre formation très dangereuse, qui nous est une fois de plus supérieure sur le papier. Bischwiller compte parmi ses rangs de terribles adversaires tels que le jeune Markus Ragger (2627 élo) ou le nouveau (et quatrième) joueur français ayant dépassé la barre des 2700 élo : Romain Edouard.
Au premier échiquier Dariusz avec les blancs teste sur les connaissances de Ragger dans l écossaise. Une partition sans faute mais Ragger égalise petit à petit et la partie débouche sur une finale sans perspectives de gain. Nulle de combat en 58 coups, Dariusz se battant jusqu’à la fin, comme toujours (comme Carlsen ?).
Au deuxième échiquier, Tal a la lourde tâche d’arrêter Romain Edouard et ce, avec les pièces noires ! C’est avec un jeu plein d’assurance (en jouant vite) qu’il sacrifie un pion afin d’installer un puissant cavalier en d3, contrôlant toutes les colonnes utiles. Une nulle très solide de notre israélien en seulement 27 coups, et une bonne opération pour l’équipe.
Au 3ème échiquier : la partie la plus rapide du jour. Olivier égalise rapidement face à un adversaire de 100 élo son supérieur de plus dans une sicilienne. La décision se fera sur l’arrière de l’équipe.
La situation s’annonce plus stressante au 4ème échiquier où Quentin doit affronter un autre Grand Maître, avec les noirs. Une jolie manoeuvre de la dame en g6 force les blancs à se déroquer, puis un sacrifice positionnel en d5 bien prometteur ne suffiront pas : une gaffe (encore) obligera notre jeune champion à perdre la qualité et rapidement, la partie. Dommage ! Espérons que Quentin trouve ses marques rapidement.
Au 5ème échiquier Simon retrouve Cyril Marcelin, qu’il connait pour l’avoir démonté durant le top12 de 2010 (en enfermant sa dame). Aujourd’hui, il double l’exploit en démontant la défense Benoni-Tchèque de son adversaire avec un double sacrifice positionnel magistral. Les noirs sont empêtrés et les coups de massue de Simon (Fd3!, Ce5!!, h4! et Tf6! … brillants !) lui permettent de signer un petit bijou.
Pour ceux qui en doutaient, notre anglais est bel et bien de retour.
Nous retrouvons ici leur partie après 17.Fd3!, par lequel Simon invite son adversaire à placer une fourchette de pion par 17…e4 gagnant une pièce. S’ensuit 18.Cxe4! Simon lance une attaque sans pitié sur le roi noir mal protégé.
Après quelques coups, Simon doit encore investir une pièce pour continuer son assaut sur les cases blanches et joue 22.Ce5!
Le cavalier menace une terrible fourchette en f7 ainsi qu’un dangereux bond en g6 (avec échec). Il faut à tout prix le stopper, Cyril Marcelin, loin d’en faire un fromage le capture donc. Simon trouve encore quelques coups brillants (sacrifiant encore un pion) avant d’arriver à l’estocade finale 29.Tf6!!
29…Cxf6 30.Dxf6 et les noirs abandonnent, la pression sur h6 et le roi noir sont insupportables plus longtemps. Une prestation qui restera dans les annales !
Bastien au 6ème échiquier égalise très facilement contre l’Anglaise de Buhmann (2588!) avec les pièces noires. Bel exploit pour Bastien, qui reste sur le score de 2,5 sur 3 !
Au 7ème échiquier Christopher joue une partie explosive avec roques opposés. Son adversaire lui offre un pion pour l’attaque et la partie s’enflamme : en grand zeitnot, au bord du mat, Christopher trouve un sacrifice de dame défensif lui laissant le temps de passer à l’attaque.
La nulle en poche (il peut forcer une répétition de coups), notre Christo hallucine, croit voir un mat et lorsque le roi adverse lui échappe, il est trop tard, la position est perdue.
En plein zeitnot et tandis que le capitaine (Olivier) et le meilleur buteur de l’équipe (Bastien) scandent doucement « échecs en france ! échecs en france ! », Christo ne prend pas la nulle par répétition qui lui tend les bras (36.Cc8+ Rb8 37.Cd6+ Ra7 etc), croit voir un mat (fantôme malheureusement) et se trompe fatalement en jouant :
36.Cc8+ (jusqu’ici tout va bien) Rb8
37.Cb6+?? (rien ne va plus, ici) Rc7!
et les jeux sont faits.
Au huitième échiquier, on assite à un duel entre Mathilde et Nino Maisuradze, soit entre la vice-Championne et la Championne de France !
Malheureusement la hiérarchie sera respectée car la rueilloise se trompe : une erreur au 19ème coup laisse sans défense le pion g6 et les espoirs s’écroulent déjà. S’ensuit une lutte désespérée et nous ratons donc de peu le scalp de Bischwiller, qui s’impose finalement 3-1.
Ronde 4 : Mulhouse – Rueil 4 – 0
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Une tâche bien difficile nous attendait pour cette quatrième ronde ; un coup d’oeil à la feuille de match suffit pour s’en convaincre !
Ainsi, Andrei Sokolov, l’adversaire de Bastien, n’était pas le premier venu : champion du Monde junior en 1982, champion d’URSS en 1984, il a affronté en 1987 Anatoly Karpov en finale du tournoi des candidats pour le droit de disputer le championnat du Monde ; à cette époque, il était n° 3 mondial derrière Kasparov et Karpov. Et il ne joue qu’au cinquième échiquier de l’équipe de Mulhouse… Mis sous pression au sortir de l’ouverture, Bastien a bien résisté, puis a réussi à infiltrer sa dame derrière les lignes adverses pour forcer une répétition de coups synonyme de partie nulle.
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Bastien continue sa belle série et annule brillamment contre l’ex candidat au titre mondial Andrei Sokolov
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Au final, pas de miracle : malgré de belles performances individuelles, la logique a été respectée, et Mulhouse s’impose sur le score de 4 à 0, grâce notamment à un hat trick sur les trois derniers échiquiers.
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Ronde 5 : Rueil – Clichy 0 – 7
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Un morceau encore plus gros qu’hier au menu du jour, puisque notre adversaire n’est autre que le champion de France en titre. Nous sommes plus faibles sur chacun des 8 échiquiers, la différence moyenne de classement Elo avoisinant les 170 points… malgré la mise au repos côté clichois de l’actuel n°1 français Maxime Vachier-Lagrave.
L’événement du jour est la titularisation au 8ème échiquier du secrétaire du CERM, Jorge Santamaria, venu exprès de Rueil pour affronter une adversaire redoutable en la personne de la multiple championne de France Almira Skripchenko.
Jorge est bien connu au club pour préparer chaque match par équipes comme un championnat du Monde ! En prévision de cette partie, sachant que son adversaire jouera très probablement 1.e4, il a recensé et révisé à fond toutes les variantes qu’elle a employées ces dernières années contre sa défense Caro-Kann fétiche (1.e4 c6). Malheureusement, le répertoire d’Almira est vaste, et au grand dam de Jorge, elle choisit une variante aussi dangereuse qu’inattendue : 1.e4 c6 2.c4 d5 3.exd5 cxd5 4.cxd5 Cf6 5.Da4+ !?
Jorge ne se laisse pas désarçonner et retrouve sur l’échiquier une bonne demi-douzaine de coups théoriques, avant de perdre le fil au treizième coup et de voir sa position se dégrader lentement… Malgré une résistance acharnée en zeitnot, il devra bientôt s’incliner devant l’attaque adverse.
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Hum… Qu’est-ce qu’on joue déjà sur 10.Da3 ?
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Sur les autres échiquiers, les affaires rueilloises ne sont guère meilleures : selon l’expression consacrée, « le Elo finit par parler », et nous encaissons un cinglant 7-0. Seul Dariusz a réussi à faire douter son adversaire, le Grand-Maître néerlandais Van Wely, sans toutefois parvenir à convertir une finale légèrement favorable.
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Au classement général,, notre situation n’est pas fameuse, puisque nous occupons la dernière place, alors que nos deux rivaux directs pour le maintien ont réalisé chacun un match nul contre des équipes de milieu de tableau. Mais rien n’est perdu, car les matches décisifs restent encore à venir.
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Ronde 6 : Bois-Colombes – Rueil 5 – 1
C’est une affiche ultra-classique que nous offrait le Top 12 en ce jeudi de l’Ascension : Bois-Colombes – Rueil. En effet, il ne se passe guère de saison sans que nous affrontions plusieurs fois nos voisins en Intercercles, Criterium, Départemental, Nationale Jeunes… Fraîchement promus en Top 12, les Bois-Colombiens ont réalisé un excellent départ dans la compétition, qui les met d’ores et déjà à l’abri de la relégation.
Si le score final de ce clàsico peut paraître sans appel, il ne reflète pas vraiment la physionomie du match. Selon le capitaine Olivier Renet : « Dariusz, Simon et Mathilde ont refusé la nulle proposée par leurs adversaires respectifs, dans l’intérêt de l’équipe. Leurs parties, longtemps indécises, se sont finalement retournées en notre défaveur. Quant à Quentin, il était mieux, mais n’a pas réussi à concrétiser son avantage. »
La combativité des Rueillois n’a pas été récompensée, mais ils gardent le moral. « Toute l’équipe reste motivée. Les matches décisifs pour le maintien se joueront dans les dernières rondes », explique Olivier.
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La leçon de finales du professeur Renet
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Olivier Renet inscrit le seul point pour Rueil à l’issue d’une partie acharnée
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Au titre des satisfactions du jour, Olivier Renet a réussi à prendre le dessus sur le jeune grand-maître français Matthieu Cornette à l’issue d’une finale de tours fort instructive.
Voici la position au 52ème coup. Avec les blancs, Olivier a obtenu une fin de partie favorable ; encore faut-il réussir à la convertir.
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Renet – Cornette, position après 52.Rxf5.
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Cornette joue logiquement 52…a4, afin de se créer un pion passé et d’obtenir du contre-jeu. Les coups suivants sont pratiquement forcés : 53.b4 (on ne peut pas prendre le pion sous peine de perdre la tour b7) a3 54. b5 et maintenant Cornette continue par 54…Tb4 , estimant, probablement à juste raison, que cette suite lui donne de meilleures chances de nulle que 54…a2 55.Ta7
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Position après 54… Tb4
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Cornette menace de placer sa tour en a4, protégeant son pion passé et menaçant de le pousser jusqu’à la promotion. Cette menace semble forcer la nulle après 55.Ta7 Txc4 56.Txa3 Tc5+ et 57… Txb5. Mais la présence d’un pion en g7, limitant l’espace dont dispose le roi noir, offre une bien meilleure possibilité aux blancs : 55. Re6!! menaçant mat en un coup par Tc8 ! Cornette pare la menace par 55…g5, et nous atteignons une nouvelle position critique.
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Position après 55…g5
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Ici la manière la plus claire et la plus efficace de gagner est 56.Tf7+ Rg8 57.Ta7 Txc4 57.Rd6 forçant l’avance du pion b ;. 56.Ta7 est également suffisant. Mais si cela semble évident à l’observateur confortablement installé devant son écran et secondé par un programme d’échecs 10 fois plus fort que lui, il en va différemment pour le joueur concentré depuis plus de quatre heures sur son échiquier, qui doit prendre une décision irrévocable alors que la pendule égrène les secondes.
Olivier se décide pour un autre plan : laisser son adversaire faire dame, sacrifier sa tour contre la dame, et jouer les deux pions liés contre la tour :
56.Tb8+ ?! Rg7 57.Rd5 Ta4 58.Te8 a2 59.Te1 a1D 60.Txa1 Txa1 61.b6
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Position après 61.b6
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Les deux pions liés seront-ils plus forts que la tour ? Telle est la question. 61…Rg6 62.c5 Tb1 63.Rc6
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Position après 63.Rc6
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On dit souvent qu’aux échecs, c’est celui qui fait l’avant-dernière erreur qui gagne. Malheureusement pour lui, le Bois-Colombien va commettre la dernière.
63… Rh5?? Un coup qu’il aurait mieux valu que Cornette biffe.
Il paraît naturel d’aller capturer le pion h et de pousser le pion g à dame, mais cette opération va échouer à cause d’un détail important…
Les Noirs pouvaient obtenir la nulle en laissant les pions de l’aile Roi à leur sort et en se rapprochant du roi blanc ; 63… Rf5! (ou Rf6) 64.b7 Re5 65.Rc7 Rd5 66.c6 Tb5 et si les blancs font dame en b8, le roi noir capturera le pion c6 après l’échange en b8.
Quel est donc le détail qui fait échouer le raid sur le pion h ? Voyons la suite : 64.b7 Rh4 65.Rc7 Rxh3 66.b8D Txb8 67.Rxb8 (les Noirs ont abandonné ici) g4 68.c6 g3 69.c7 g2 70.c8D… échec au roi !
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(Variante)
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Les Blancs font dame sur échec, empêchant les Noirs de faire dame à leur tour ! La finale Dame contre pion qui en résulte est facilement gagnante, et nous vous en épargnerons la démonstration dans le cadre de cet article.
Ronde 7 : Rueil – Metz 2 – 3
Une ronde qui va laisser beaucoup de regrets aux Rueillois, car ils sont passés bien près de l’exploit.
Ronde 8
Suite au forfait du club de Marseille, le Top 12 n’est plus en fait que le Top 11 ; chaque équipe est exempte à tour de rôle, et en ce 31 mai, c’était le tour de Rueil. Une journée de repos bienvenue, passée à se détendre en prévision du sprint final, et et qui a aussi permis à notre premier échiquier Dariusz de fêter son 20ème anniversaire !
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Rueil Malmaison |
0 – 7 |
Clichy |
g SWIERCZ Dariusz 2608 |
X – X |
g VAN WELY Loek 2654 |
g RENET Olivier 2480 |
0 – 1 |
g FRESSINET Laurent 2711 |
g WILLIAMS Simon K 2465 |
0 – 1 |
g TREGUBOV Pavel V. 2616 |
g BARON Tal 2515 |
0 – 1 |
g MATLAKOV Maxim 2689 |
m LOISEAU Quentin 2365 |
0 – 1 |
g HAMDOUCHI Hicham 2627 |
f CAMUS DE SOLLIERS Guillaume 2351 |
0 – 1 |
g LAGARDE Maxime 2510 |
mf CONGIU Mathilde 2279 |
0 – 1 |
m DELORME Axel 2487 |
SANTAMARIA Jorge 2144 |
0 – 1 |
m SKRIPCHENKO Almira 2442 |