La 5e rencontre de la saison se déroulait dans l’enceinte du prestigieux club de la capitale : le Stade Français. Une fois de plus, nous affrontions une équipe dont le niveau global reflétait sensiblement le nôtre, ce qui rendait difficile tout pronostic quant au résultat final. Cela étant, notre seconde place au classement nous donnait un ascendant psychologique face à ce club parisien qui restait sur 4 défaites consécutives et trônait fatalement à la dernière place du tournoi.

Malgré le réveil tardif d’Yves ajouté à la contrainte de devoir trouver une place de stationnement dans Paris, nous sommes arrivés en avance pour remplir la feuille de match. Ce fait qui peut sembler anecdotique devient ici un fait historique pour notre équipe. Soulignons également les moyens mis en œuvre par notre adversaire pour organiser cette rencontre et s’assurer qu’elle se déroule sans le moindre incident. En effet, nous remarquons à notre arrivée plusieurs cars de CRS bloquant les voies principales et de nombreux policiers en faction dans les rues adjacentes du club. Cette volonté de sécuriser le bâtiment démontrait l’importance et l’enjeu de ce match de nationale 4. Seul Messire Delpech, qui trop habitué à ce type d’agitation lors de ses déplacements, ne semblait pas surpris par une telle organisation. Or même une rencontre du PSG – qui jouait d’ailleurs en coupe de France au Parc des Princes ce jour là à quelques centaines de mètres de nous – n’aurait pas suscitée un tel déploiement des forces de l‘ordre.

Une fois que nous avons traversé ce cortège de policiers vigilants et évité la masse de spectateurs portant fièrement les couleurs bleues et rouges de notre adversaire, nous avons pris place dans les locaux bien gardés pour entamer le match dans un calme absolu. Mais après seulement quelques minutes, ce silence a été rompu par une sonnerie qui a réveillé Yves et offert à son adversaire un léger sourire de satisfaction. Non, ce n’était pas le sifflement d’un supporter qui aurait réussi à pénétrer dans la salle ni le couinement de l’adversaire de Messire lorsque ce dernier a déplacé sa dame mais c’était bien la tragique sonnerie du téléphone d’Yves qui marquait la fin de sa partie après seulement 11 coups joués. Pour sa défense, Yves avait rallumé au dernier moment son téléphone pour joindre Evguény arrivé en retard et dans la précipitation, avait oublié de l’éteindre une seconde fois. Pour sa défense, Evguény est venu à vélo. Au passage, je tiens à signaler à ces deux là que je ne leur ferai pas cadeau de mes prestations d’avocat ! Bref, voilà donc le premier point empoché par le Stade Français grâce à cette attaque d’Yves un peu trop téléphonée…désolé. Au 6e échiquier, la position de Marc pouvait redonner confiance à notre équipe car après 1heure de jeu, notre joueur rueillois possédait un cavalier de moins, mais une dame de plus ! Seulement, ce coutumier des parties aux allures de scénario hollywoodien a préféré récupérer le cavalier de son adversaire et… lui rendre sa dame, se retrouvant ainsi dans une finale totalement égale. Pour ne pas déroger à la règle d’Hollywood, Marc a conclu cette finale par un joli mat réalisé par la simple poussée d’un pion. Ce fut ensuite au tour de Messire d’étaler tout son génie en remportant une pièce nette en milieu de jeu et de contraindre ainsi son adversaire à l’abandon. Quelques instants avant de concrétiser ce coup fatidique, Messire m’avouait en a parte : « Je joue mal, mais mon adversaire encore plus ! » Ceci faisant preuve une fois de plus de sa haute modestie et de son effroyable supériorité. Au 3e échiquier, Evguény, à peine remis de sa traversée de Paris à vélo, a utilisé au mieux sa paire de fous et est sorti vainqueur de la partie après un sacrifice de tour entraînant des menaces de mat. Dans la foulée, Danny a aggravé le score en faveur de Rueil en profitant d’une erreur de son adversaire qui, dans une attaque douteuse, a perdu une pièce sans le moindre contre jeu possible. A ce stade de la partie, nous menions donc 4 à 1 et un simple match nul nous permettait de repartir avec une nouvelle victoire. Le suspens sera de courte durée car au second échiquier, Jérôme a su mettre en pratique les leçons de Christophe Guéneau en réalisant un superbe sacrifice de tour dont l’idée était de, soit mater, soit damer un pion. N’ayant pas souhaité être embarrassé par un tel choix, son adversaire a préféré logiquement abandonner. De son côté, notre premier échiquier Cyril, confronté à des problèmes de temps, a été contraint d’accorder un point à l’équipe adverse juste avant le quarantième coups. Quant à moi, il aura fallu 3 heures de jeu pour me retrouver dans une finale de fous de couleur opposée, deux ou trois mauvais coups pour être sur le point de la perdre et une bonne demi-heure pour que mon adversaire se rende finalement compte que la position était théoriquement nulle.

Score final : 5 – 2

Grâce à cette 4e victoire, notre équipe de nationale 4 conforte sa deuxième place au classement.