Le capitaine de l’équipe de Nationale III nous a prié d’insérer un communiqué de victoire. En cette période de dissolution des valeurs et de perte d’absolu, la rédaction s’est autorisé quelques menues corrections destinées à exalter le sentiment patriotique et le souvenir des grandes heures de la Nation française auprès des lecteurs des Dernières Nouvelles.

« Le weekend des 8 et 9 mai a eu lieu le final de la compétition en Nationale 3. Si la première place du groupe me semblait tout acquise au club de la Membrolle, nous étions cependant toujours en bonne position, et nos calculs indiquaient que deux victoires nous ouvriraient néanmoins les portes de la Nationale 2.

Nous devions pour cela battre, le samedi, le Club 608 , un adversaire colossal (2 joueurs à  2200, 3 joueurs à  2100, 2 joueurs à  2000 et une féminine à  1580). Et le valeureux club de Chécy, que nous devions vaincre le lendemain, ,avait réalisé une bonne saison ; si les joueurs y semblaient plus faibles sur le papier, il s’agissait de ne pas les sous-estimer…

Pour ces raisons, et parce que je me voyais obligé de donner tous les cours du club le samedi, j’avais motivé mes troupes et demandé une mobilisation maximale. Tout le monde a d’ailleurs répondu à  l’appel, et ma fierté de capitaine réside en ceci : notre réussite est l’affaire de tous, et l’esprit d’équipe est présent, je crois, dans l’esprit de tous. Bravo à  tous !

Notre bataillon ? Simon Aguirre (2286 Elo !) fut notre éclaireur surprise au premier échiquier. Grâce à  lui, j’ai pu décaler tous les joueurs d’un échiquier et aligner une escouade ô combien dangereuse, en dépit de l’absence d’Anne Lupfer au dernier échiquier, indisponible pour tout le weekend.
Les féroces grognards Franck Gouanelle, Marc Kirszenberg, et Bertrand Delafargue suivaient. Ensuite venaient les sanguinaires Jean Lucas, Julio Rojas-Guerra et Olivier Guigon (de retour depuis la naissance de sa fille). Et ma chère et tendre en remplaçante fermait la marche au huitième échiquier.

Samedi : Blitzkrieg contre le Club608

Je n’ai assisté à  ce match que par correspondance téléphonique avec Olivier Delpech, arbitre de la rencontre, alors même que je dispensais mes cours à l’annexe du club.
Et quel match ! Nous écrasons littéralement le club 608. Simon, se retrouvant avec un avantage décisif en sortant de l’ouverture, lançait le match. Un autre point important était ensuite marqué au 4ème échiquier, où Bertrand affrontait (surprise !) le plus fort Elo de nos adversaires. Je ne sais si le fait de jouer à  domicile et pour la montée l’a galvanisé, mais après une erreur qui aurait pu lui coûter la partie, Bertrand est resté concentré, a  joué l’unique plan à  sa disposition pour survivre, et quand son adversaire a compris ce qui lui arrivait, il était trop tard !

Les victoires s’enchaînent, et si Franck et Mathilde ont finalement chuté (après de très très belles parties), nous gagnons finalement 6 à  2 !

Dimanche : guerre des tranchées à Chécy

Le dimanche, je remplaçais Jean Lucas, tandis que Rodolphe retrouvait son échiquier attitré (le 7ème). Rendez-vous pris à  11h45 pour arriver avant 14h à Chécy, un village des plus mignons situé près d’Orléans.

Chécy (Loiret) : la Place de l’Eglise

En arrivant sur place, tandis que Franck et Rodolphe partent illico en quête du Macdo le plus proche, je découvre avec étonnement la feuille de match et la forte équipe qu’il nous est proposé d’affronter : 2240, 2050, 2050, 2150, 2000… Outch, le match va être des plus tendus !
Seul Rodolphe aura vraiment un avantage au Elo puisqu’il affronte un 1700. Mathilde jouera quant à elle contre une 1400 à sa portée.

Bertrand remporte cette fois une victoire très propre, prenant l’avantage dans l’ouverture et le réalisant de la plus belle des manières en milieu de jeu (bravo !).
Malheureusement, cela se passe mal sur d’autres échiquiers : tandis que j’annule ma partie tranquillement, Franck perd un pion, Julio se voit contraint de donner la qualité, Mathilde égare une pièce (sur une fourchette vicieuse) dès l’ouverture, Rodolphe se défend dans une position sous tension, et Simon seul me donne quelques espoirs.
Il aura fallu quelques erreurs adverses pour retourner le match, et un sacré mental de notre côté : bravo donc à  Julio et Rodolphe qui gagnèrent dans des positions difficiles. Franck a défendu comme un forcené mais rien à  faire, son adversaire voyait tout !
Finalement, nous menons 3 à  1 alors que seuls Franck et Simon jouent encore… Une nulle suffit pour passer en Nationale 2 !
C’est Simon qui nous soulage, en proposant nulle « pour l’équipe » dans une position devenue largement supérieure (je crois même qu’il avait un avantage décisif).

Merci à tous, l’ambiance dans l’équipe a été bonne toute l’année, et si nous avions évité l’accident (notre forfait lors d’une ronde précédente), nous aurions même probablement fini premiers du groupe ! »

Guillaume LESTRELIN